Aulas milite encore pour un retour sur la décision d’arrêter la Ligue 1 « e n’est peut-être pas trop tard »

Jean-Michel Aulas, président de l’Olympique Lyonnais, fait partie des premiers dirigeants du football français à avoir contesté la décision d’arrêter définitivement la Ligue 1 2019-2020 (il reste un espoir de jouer les finales des coupes nationales et la Ligue des Champions en août) avec un classement fixé grâce à un quotient. Il s’agissait d’abord clairement de défendre l’intérêt de l’OL en se plaignant du classement et des millions perdus. Ce jeudi dans L’Equipe, celui qui a déjà évoqué l’option d’une plainte via les tribunaux, tente un message un peu plus collectif avec l’espoir que ce choix puisse encore être changé.

Aulas « les pertes, pour le foot français, friseraient les 700 millions d’euros du fait de cette décision. »

« J’ai noté près de dix pays européens (dont l’Allemagne, donc, l’Italie, la Turquie…) où on a recommencé l’entraînement. Donc, on peut vraiment s’interroger. En adaptant nos méthodes, on aurait probablement pu finir le Championnat.

On est dans un mauvais chemin, ce n’est peut-être pas trop tard pour essayer d’imaginer, au regard de ce qui se passe partout en Europe, quelque chose qui soit cohérent sur le plan politique : on avait jusqu’à fin août et peut-être même début septembre pour terminer. J’ai fait un petit calcul cet après-midi : les pertes, pour le foot français, friseraient les 700 millions d’euros du fait de cette décision. Grosso modo, la saison dernière le Championnat avait généré 409 millions de la part de partenaires économiques et de sponsors. On peut imaginer qu’on perdrait un montant de l’ordre de 50 à 85 millions. La perte des droits télé est de 250 à 300 millions d’euros. Celle sur la billetterie probablement d’une vingtaine de millions. Et puis, il y a l’argent des transferts pour équilibrer les comptes : 400 et 500 millions d’euros l’année dernière.

Aulas « Si tous les pays se préparent en juin et juillet et pas nous, ça reviendrait à couper les pattes du PSG et de l’OL ! »

Si je comprends qu’on fasse de l’enjeu sanitaire une priorité par rapport aux enjeux économiques ?

Oui, mais il ne faut pas que, sous le prétexte sanitaire, on vienne arrêter un Championnat et fixer une règle du jeu qui n’est pas la bonne. Ça voudrait dire qu’il y a, derrière, un certain nombre d’intérêts qui

Jean Michel AULAS President of Lyon before the French Ligue 1 Soccer match between Lyon and Saint-Etienne at Groupama Stadium on March 1, 2020 in Lyon, France. (Photo by Baptiste Fernandez/Icon Sport) – Jean Michel AULAS – Groupama Stadium – Lyon (France)

n’ont rien de sanitaires. (…) Je ne cherche pas à convaincre, j’alerte sur les responsabilités prises par les gens qui ont décidé d’arrêter sans avoir, visiblement, tous les paramètres. (…)

Après, il peut y avoir un redémarrage de la pandémie, il peut y avoir plein d’événements. Mais aujourd’hui l’UEFA maintient ses finales de Ligue des champions en août. Si tous les pays se préparent en juin et juillet et pas nous, ça reviendrait à couper les pattes du PSG et de l’OL ! »

Un choix différent en France, mais pas forcément moins bon.

En effet, d’autres pays se dirigent vers une reprise. Cela peut laisser penser que la France aurait pu se battre un peu plus pour la sienne. Cependant, ce n’est pas forcément un choix qui est moins bon. Il est différent. La priorité a été clairement donnée à la santé de tous, en laissant du temps aux joueurs ainsi que le matériel en priorité aux autres métiers que le sport. Cela semble pouvoir se défendre. Même si c’est une complication pour les sports professionnels. Il y a des pertes financières et la difficulté d’être en forme pour les deux clubs encore concernés par l’éventuelle fin de la Ligue des Champions en août.

Cependant, rien ne dit que ces reprises seront des succès. De même que le déconfinement en général dans un premier temps. Il y a des risques. Et peut-être que l’on pourra voir que la France a bien fait d’être sage. Il est bien trop tôt pour dire que les pays qui veulent reprendre font le bon choix. Et dans tous les cas, celui de la France n’est pas insensé. On se permet aussi de souligner que les estimations d’Aulas restent très aléatoires. Une grande partie s’appuie sur les ventes possibles en prenant les chiffres de l’an dernier. Mais tous les mercatos ne sont pas les mêmes. Il y aura une perte, c’est sûr. Mais son montant est inconnu.

Maintenant, il faut que le football français s’adapte au mieux pour réussir à rebondir et à reprendre de la meilleure manière possible. La reprise doit se faire dans des conditions optimales, c’est l’avantage d’avoir arrêté la saison 2019-2020 pour se concentrer sur la suivante. Peut-être que le PSG et l’OL auront des difficultés en Ligue des Champions, mais il n’y avait rien de parfait dans cette situation exceptionnelle. Et, encore une fois, rien ne dit que les autres clubs arriveront vraiment à bien se préparer. Sans oublier que cette fin de la compétition européenne n’est pas encore une certitude.