Handball
Hand- Dernier jour d’audience pour les paris truqués
Hier était le dernier jour d’audience dans l’affaire des « paris truqués ». Ce sont les avocats de la famille Karabatic qui ont clos ces neufs jours d’audience.
Au terme d’environ trois heures d’audience, Nikola Karabatic a affirmé « s’en remettre à la décision du juge et du tribunal », tandis que son avocat « croit en la justice de son pays ».
Maître Jean-Marc Nguyen Phung, premier avocat de la famille Karabactic, a ouvert le bal. Très justement, il a évoqué que les éléments relevés étaient très fragiles, et que ce n’était que des suppositions.
« Il vous faut Sherlock Holmes, Maigret… Et encore, ils ne pourront pas établir que certains joueurs ont joué moins bien de façon volontaire » ironise l’avocat.
De même, l’avocat précise qu’il sera impossible de prouver que le match ait été truqué volontairement. Selon lui, le procureur de Montpellier manquait d’un gros poisson pour attirer les foules.
« Je le connais depuis trois ans, je l’ai côtoyé, lui, son frère, leurs compagnes. Je n’ai jamais vu en Nikola Karabatic un enfant gâté » rétorque le maître aux propos qu’avaient tenus le procureur lundi.
« Trop d’intimes convictions tuent l’intime conviction » philosophe l’avocat pour conclure le débat. A la fin de cette première plaidoirie, l’avocat demande la relaxe des deux frères Karabatic.
C’est au tour de Maître Corbier, avocat, lui aussi, de la fratrie Karabatic, de prendre la parole. Et celui-ci a deux cibles en ligne de mire: la Française Des Jeux, et celui ou celle qui a divulgué l’information aux journalistes de France 3.
Selon cet avocat, la FDJ distille un poison dans les veines des joueurs, qu’ils soient professionnels ou amateurs, en leur proposant de parier. « La FDJ, quand ce n’était que le loto, ça m’allait… Mais maintenant, quand on peut parier sur tout, à la mi-temps, sur un score… » critique-t-il.
« Comment l’information est arrivée au journaliste ? Peut-être qu’on a un peu trop parlé, dans les services du parquet… » insinue l’avocat, rejoignant son confrère sur le fait que le parquet de Montpellier aurait trop médiatisé l’affaire.
« Dans la vraie vie, on peut se prêter des téléphones » apprend l’avocat à la Cour. En effet, lors des précédents jours d’audience, un des avocats avait fait remarquer que l’application Parions Sports avait été téléchargée sur le téléphone de N. Karabatic.
La compagne de ce dernier, Géraldine Pillet, avait répondu que c’était elle qui avait effectué ce téléchargement. Ce que le tribunal n’avait pas cru.
De même, les experts de l’affaire avaient informé le tribunal que les codes PIN des téléphones, ainsi que les mots de passe, n’avaient pas été transmis. L’avocat assure le contraire.
De nombreux appels ont toutefois été passés en direction du téléphone de Nikola Karabatic et de Géraldine Pillet, la veille du match. Chose qui a été mise en avant par les avocats.
Seulement, le 11 mai n’est pas une date comme les autres pour les deux frères. En effet, le 11 mai est un jour funeste pour les deux frères, puisque cette date correspond à l’anniversaire de la mort de leur père.
« Certains ont pu appeler Géraldine, pour prendre des nouvelles, sans déranger Nikola Karabatic » complète Maître Corbier.
C’est ainsi que se clôt la plaidoirie de Maître Corbier. Pour finir, c’est Maître Jean-Robert Phung qui prend la parole. Et le dernier avocat ne mâche pas ses mots.
« Une conférence de presse surréaliste, des mises en examen, une information judiciaire surréaliste, des violations du secret de l’instruction, des expertises commises par des bonimenteurs » attaque-t-il, montrant la dimension surréaliste de ce procès.
« On aime nos idoles, mais on aime aussi les déboulonner parce que nous ne supportons pas ceux qui ont atteint le sommet » continue Me Phung, s’en prenant à l’ancien procureur de Montpellier Brice Robin.
Ce procès se définit comme un « farce » selon l’avocat. Avant d’enchaîner sur une phrase qui retentit comme une claque pour le tribunal: « Si le nom de celui qui a révélé l’information au journaliste de France 3 qui a sorti l’affaire été divulgué aujourd’hui, le tribunal tremblerait…«
« Tant que vous n’avez pas prouvé le trucage du match, il faut que les trois juges de ce siège soient convaincus que ces centaines de milliers d’euros, ces expertises, ces deux semaines de procès… C’est du disciplinaire. Et c’est tout » conclut-il.
Excellent orateur, excellent dans sa plaidoirie, la salle s’est alors levée pour l’applaudir. Mais le Président du tribunal ne l’a pas laissé faire et a levé la main, signifiant la fin des débats. Verdict le 10 juillet.