Autour du PSG
Zlatan Ibrahimovic pas décisif dans les matchs au sommet ? Une idée peu fondée
A l’approche des rencontres de Ligue des Champions le même refrain concernant Zlatan Ibrahimovic, revient avec insistance, presque avec acharnement : le Suédois ne serait pas décisif dans les grandes rencontres. On a même lu ou entendu qu’il serait un grand joueur de petits matchs et un petit joueur de grands matchs.
Le propos a tellement été répété à maintes reprises que l’idée est maintenant ancrée de manière définitive dans l’esprit de certains et que pour la démentir l’attaquant du Paris Saint Germain serait presque condamné à inscrire un hat-trick en 1/2 finale retour de Champions League.
Disons le tout de go Zlatan n’a pas toujours fait le nécessaire pour tordre le coup à cette idée. En premier lieu il manque clairement une Ligue des Champions au palmarès du Suédois, le vice-capitaine du PSG n’a pas non plus disputé de finale, il compte une seule participation à une 1/2 finale lors de la saison 2009/10 sous les couleurs du FC Barcelone contre l’Inter Milan son précédent club et…futur vainqueur de la compétition !
Ajoutez à ceci le fait que l’Inter remporte le trophée la saison suivant son départ, puis le FC Barcelone en 2011 également juste après son transfert vers l’AC Milan cela a contribué à rajouter une pierre dans le jardin d’Ibrahimovic : le numéro 9 parisien ne serait pas un joueur capable de se fondre dans un collectif. Sur ce point aussi, le débat fait rage parmi les spécialistes.
Pourtant si l’on prend en compte les 2 titres retirés à la Juventus de Turin sur tapis vert suite à l’affaire dite du « Calciopoli », Zlatan Ibrahimovic a été sacré champion 11 fois au cours des 12 dernières saisons ! Et s’il y a bien une compétition où le collectif prime sur les individualités c’est en général le championnat à contrario parfois de la C1 où le format coupe peut permettre de passer un tour à élimination directe sur un exploit individuel.
Son passage en Serie A trop oublié dans le compte des grands matchs
Par ailleurs que doit-on considérer comme « match au sommet » ? Zlatan Ibrahimovic ayant passé la plus grande partie de sa carrière en Série A nous avons choisi de nous pencher dans un premier temps sur les chocs entre ténors Italiens. En effet Zlatan ayant successivement porté les maillots de la Juventus, de l’Inter Milan et du Milan AC il a participé à de nombreuses reprises au derby milanais ou au derby d’Italia (Juventus / Inter ) ou encore au match opposant Bianconneri aux Rossoneri les deux clubs les plus titrés de la Botte Italienne.
Par ailleurs, si on peut légitiment considérer que lors de son dernier passage en Italie (deux saisons au Milan AC de 2010 à 2012) la Série A avait amorcé son déclin, en revanche lors de ses premières saisons avec la Juventus puis l’Inter, la Série A était bien un championnat majeur du Vieux Continent (toujours classé 2e ou 3e à l’indice UEFA sur la période).
Au total le grand Suédois a participé à 24 confrontations opposant les 3 cadors italiens. Au cours de ces 24 matchs il aura inscrit 7 buts et délivré 4 passes décisives, ce qui lui permet de présenter un ratio tout à fait honorable et d’être décisif près d’un match sur deux dans ces rencontres.
Pour ce qui est de la Ligue 1, on le sait Ibrahimovic prend souvent un malin plaisir à torturer l’Olympique de Marseille, le grand rival du club de la capitale qui avec l’ASSE fait partie de ses victimes favorites depuis son arrivée dans l’Hexagone. On passera donc outre sur ces matchs là considérant que le débat n’a pas lieu d’être, et ce n’est pas Steve Mandanda ou Stéphane Ruffier qui iront nous contester.
Un bilan pas si mauvais que cela en Ligue des Champions
Penchons-nous ensuite sur la C1. Il est vrai que les débuts de Zlatan Ibrahimovic dans la compétition reine (avec l’Ajax Amsterdam puis la Juventus) ne sont pas des plus fracassants. Sans pour autant lui chercher d’excuses on objectera que sur sa période Néerlandaise, l’attaquant est encore jeune et que à Turin il rencontre une concurrence féroce en attaque avec la doublette Del Piero / Trézéguet installée depuis plusieurs années et particulièrement efficace.
Progressivement l’homme au catogan va monter en puissance. Sur les 5 saisons précédant son arrivée au Paris Saint Germain, le Suédois va disputer 41 rencontres de Ligue des Champions avec l’Inter de Milan, le FC Barcelone et l’AC Milan pour 19 buts inscrits et 8 passes décisives. Sur cette période le Suédois se montre donc à son avantage et se fait remarquer de manière notable sur le tableau des statistiques dans 65% des rencontres de Ligue des Champions qu’il dispute.
Et les rencontres à élimination directe direz-vous ? Car c’est bien ces matchs là que l’on retient et qui restent dans l’histoire. Ibrahimovic a été recruté au Paris Saint Germain pour permettre au Club de passer un palier en termes de notoriété mais aussi de résultats et de préférence sur la scène européenne. Jamais dans un club Zlatan n’a eu une telle aura, un tel poids et une telle responsabilité.
En effet que ce soit au FC Barcelone ou dans ses clubs italiens, Zlatan a toujours partagé l’affiche avec des stars tout aussi importantes que lui voir plus prestigieuses encore. Au PSG il est la pierre angulaire du projet. Sa présentation par Leonardo devant la Tour Eiffel à l’été 2012 en témoigne pour qui en douterait.
Alors Zlatan au PSG dans les matchs à élimination directe de C1 ça donne quoi ? Depuis son arrivée à Paris, le club a disputé trois 1/8e de finale (quatrième de rang en cours) et trois 1/4 de finale. Soit, en tenant compte du match aller de cette saison contre Chelsea, un total de 13 matchs couperets en Ligue des Champions.
Parfois pénalisé par des blessures ou des suspensions, Ibrahimovic n’a pas pris part à toutes ces rencontres. Il en a débuté 10. Et sur ces 10 matchs son bilan est plutôt bon, l’international suédois affichant un total de 4 buts et 2 passes décisives.
Parmi ses faits d’armes notoires on citera la double confrontation contre le Barca en 1/4 lors de la saison 2012/13 : sur les 3 buts marqués par son équipe il en inscrit un et délivre deux passes décisives, et si à 1-0 au Camp Nou Javier Pastore avait converti la deuxième offrande du Suédois le bilan aurait pu être encore meilleur et le PSG aurait pu revoir les demis dès son retour en C1 après 8 ans d’absence. Cette saison-là Zlatan termine meilleur passeur de la compétition avec 7 « assists ».
En 2013/14, Ibra inscrit 10 buts au cours de la compétition ce qui lui vaut une place dans l’équipe type de la saison et de finir 2e meilleur buteur derrière Ronaldo. Son doublé contre le Benfica, bien que inscrit en poules et non en match à élimination directe fut important puisqu’il aura mis le PSG sur la bonne voie pour ravir la 1ère place du groupe.
Ibra se distinguera aussi par un doublé sur le terrain du Bayer Leverkusen en 1/8e de finale aller permettant au PSG d’assurer sa qualification pour les 1/4 dès le match aller. En revanche, lors de ces 1/4 de finale entre une blessure à l’aller face à Chelsea et une absence au retour on aura peu vu le géant Suédois.
Pour le compte de la saison 2014/15, le numéro 10 parisien n’inscrira que 2 buts dont un face à son ancienne équipe du Barca, en poules lors du match retour au Camp Nou. Sans être décisif en 1/8e contre Chelsea il aura livré une belle prestation remportant notamment 100% de ses duels de la tête face à la charnière Terry / Cahill et si Zlatan ne parvint pas ce soir là à marquer la faute en incombe plutôt au talent de Thibaut Courtois, impérial dans ses cages ce soir là, qu’à une maladresse du Suédois.
Au retour, l’attaquant sera exclu dès la demi heure de jeu sur une décision arbitrale contestable, l’empêchant donc d’apporter sa pierre à la qualification parisienne. Enfin, suspendu pour les 1/4 de finale aller, il ne pourra que constater les dégâts en voyant son équipe amputée de nombreux titulaires s’incliner 3-1 au Parc face au Barca. Lors du match retour quasi dénué de tout suspense au vu du résultat de l’aller, Ibrahimovic ne parviendra pas à se mettre en valeur, vendangeant même un ballon de but en choisissant la frappe plutôt que la passe à destination de Pastore beaucoup mieux placé sur l’action.
On clôturera l’énumération des performances de Zlatan Ibrahimovic en C1 par la nouvelle rencontre face à Chelsea, celle
du 16 février dernier, pour le compte des 1/8e de finale aller. Plutôt bien en jambe ce soir là, le Suédois se sera fait remarquer en signant l’ouverture du score sur coup franc, inscrivant donc son 4e but en 10 matchs à élimination directe sous le maillot du PSG auquel il convient d’ajouter deux passes décisives comme indiqué plus haut.
Alors finalement au vu de ces statistiques peut-on encore prétendre que Zlatan Ibrahimovic n’est pas décisif dans les grandes rencontres ? Et si oui, à partir de quel ratio buts par matchs un joueur peut-il être considéré comme « décisif » ? Et si finalement tout ceci n’était qu’un malentendu ? On sait le géant suédois coutumier des sorties médiatiques tranchantes dites « punchlines ».
Par le passé on a prêté à l’homme des propos (à tort ou à raison, vérifiés ou non) dans lequel ce dernier se rendait coupable d’arrogance, d’un certain manque d’humilité. Quand on connait le personnage, il faut savoir distinguer le vrai du faux, comprendre lorsqu’il s’agit d’ironie ou non. Zlatan fait partie de ces joueurs qui sont, pour la presse, ce qu’on appelle des « bons clients ».
Dans une interview ou une conférence de presse du Suédois il y a toujours une petite phrase à ressortir pour créer une polémique, lancer un débat et l’homme est souvent utilisé pour « vendre » du papier. Au fil des ans il s’est créé l’image d’un personnage hautain, prétentieux. Et le grand public, fan de football ou non, goute peu ce type d’attitude. Mais ça, Ibrahimovic s’en moque. Le garçon est un écorché vif dont l’enfance ne fut pas des plus simples. Il s’est construit un personnage pour se protéger, une carapace.
Un footballeur dont le prénom signifie « Or » en Serbe ne pouvait se contenter d’être un homme ordinaire. Alors forcément quand Zlatan s’affirme sur de sa force, se classe lui même parmi les plus grands champions, on a parfois tendance à lui demander de démontrer ensuite ce statut sur le terrain et quand les performances ne sont pas au rendez-vous les critiques pleuvent.
Presque personne fait mieux que lui
D’autres champions comme Cristiano Ronaldo subissent les mêmes attaques. Il y a peu l’attaquant Portugais était moqué pour son manque de réussite lors des matchs à l’extérieur. On a aussi reproché au numéro 7 madrilène de ne pas être…décisif dans les grands matchs. La joie peu contenue de CR7 lors de son but en finale de Ligue des Champions 2014 face à l’Atlético Madrid (sur…penalty alors que le score était déjà de 3-1 en faveur de son équipe) prouve que le joueur était touché par la critique.
Hormis peut être Lionel Messi, buteur lors des finales 2009 et 2011, quel joueur peut se vanter d’être déterminant dans chaque rencontre au sommet ? Et encore pour Lionel Mess’il lui est souvent reproché de ne pas évoluer au même niveau avec la sélection Argentine qu’avec le FC Barcelone…
Qu’un attaquant inscrive moins de buts lors des derniers tours de la Ligue des Champions que pendant la phase de poule n’est-ce pas finalement la norme ? Le niveau augmentant au fil des matchs, les espaces sont plus difficiles à trouver, les défenseurs sont meilleurs, la pression est plus forte.
Si Zlatan Ibrahimovic ne peut éspérer prétendre au même statut et à la même reconnaissance que Messi et Ronaldo les deux extra-terrestres de la décennie, a-t-il pour autant beaucoup à envier aux grands joueurs offensifs tels que Thomas Muller, Robert Lewandowski, Franck Ribéry, Karim Benzema, Gareth Bale, Neymar, Luiz Suarez, Aguero… ? Le Kun Aguero justement cité par Pierre Menès, consultant vedette de Canal Plus, pour venir palier l’été prochain un éventuel départ d’Edinson Cavani ou de Zlatan Ibrahimovic, possède-t-il des statistiques ou un palmarès supérieur à Ibra en C1 ? Réponse : non.
Zlatan divise beaucoup, un peu à l’image d’Eric Cantona autrefois, il a ses fans et ses détracteurs. Alors peut-on dire de lui qu’il est décisif dans les grands matchs ? Chacun se fera sa propre opinion, reste que le « Z » pourrait être tenté de remettre les pendules à l’heure à Stamford Bridge. En attendant il peut se vanter d’être un des rares si ce n’est le seul joueur de football à avoir un morceau de rap pour lui rendre hommage. On vous laisse découvrir :