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Mbappé se confie : son parcours, son père, le Mondial 2018, Neymar et son statut
Kylian Mbappé, attaquant de 22 ans du Paris Saint-Germain et de l’Equipe de France, s’est confié dans une interview accordée à Esquire. L’occasion d’évoquer notamment son parcours, son état d’esprit, son statut au quotidien, Neymar (attaquant de 29 ans du PSG et du Brésil), la Coupe du 2018, la Ligue 1 et ses objectifs.
Mbappé « Il a aidé à construire le style de joueur que je voulais devenir. »
Ma première sélection à 18 ans ?
C’était très difficile, parce que les grands joueurs ne veulent pas te donner leur place. C’est ce qui fait qu’ils sont de grands joueurs. Ils ne veulent particulièrement pas te donner leur place si tu arrives avec l’étiquette de « Futur Grand Joueur ».
Une enfance dans le football ?
Je n’ai pas apporté une nouvelle passion dans la famille (sourire). Dans la banlieue parisienne, il y a des terrains de football partout. Les gens vivent pour le football. Je suis né avec les terrains sportifs en face de la fenêtre.
Je me suis toujours senti accepté en France même si je ne suis pas blanc ?
Je me suis toujours senti Français. Je ne renie pas mes origines, elles font partie de qui je suis, mais j’ai passé toute ma vie en France et il n’y a jamais eu un moment qui m’a fait sentir que je n’étais pas à la maison ici. Nous avons l’amour de la France parce que la France nous a beaucoup donné et nous essayons de rendre cela.
L’importance de mon père dans ma carrière ?
Mon père a été mon coach pendant 10 ans. Il a aidé à construire le style de joueur que je voulais devenir. Mais je n’ai jamais senti la pression de « tu dois devenir un joueur ». Avant tout, c’était une passion.
Très jeune, j’étais toujours dans les vestiaires, à écouter les discussions tactiques et les différents points de vue, mais le football est fait de points de vue. J’ai appris à avoir cette tolérance et je pense que cela m’a aidé, parce qu’être coach c’est ce mettre à la place de quelqu’un d’autre. Je pense que j’ai le don de pouvoir faire cela. Cela aide dans le football, parce qu’un joueur pense en général à soi-même, à sa propre carrière. Je peux voir, par exemple, quand quelque chose frustre un coéquipier pendant un match. Je peux l’aider à se détendre.
Mbappé « Je pense que mon CV parle pour moi. »
Comment c’était de démarrer avec Falcao à Monaco ?
Il était une star, mais il avait le désir de transmettre. Il était comme un professeur pour moi. Il veut toujours marquer, mais il m’a laissé l’espace pour m’exprimer. Il est très détendu face au but, calme dans son jeu, et il a transmis cette sérénité que je n’avais pas, parce que j’étais jeune, excité et je voulais aller à 2 000 à l’heure.
Mon style de jeu ?
L’attaquant moderne qui peut jouer n’importe où. Il y avait avant des spécialistes pour les postes. Je pense que mon CV parle pour moi. J’ai joué seul en pointe, sur la gauche et à droite. En toute humilité, je ne pense pas que ce soit donné à tout le monde de change comme ça de position chaque année et de garder un certain standard de performance au plus haut niveau. Ce n’est pas tombé du paradis. Je peux parler du bagage accumuler dans ma jeunesse.
J’ai su travailler sur mes points faibles et perfectionner mes points forts, parce qu’on m’a toujours dit que c’est grâce à mes points forts que je vais exister.
Mbappé « Vous n’avez pas besoin de manger avec vos coéquipiers tous les matins pour gagner. »
La Coupe du Monde 2018 ?
Je suis allé dans les matchs pour jouer calmement, comme toujours. Je ne voulais pas changer juste parce que c’était la Coupe du Monde. Nous avions la chance d’avoir une équipe jeune. Nous étions vraiment sans pression, juste une bande d’amis.
On n’est pas tous amis dans une équipe ?
Non, comme les boulangers ne s’entendent pas avec tous les boulangers. Vous n’avez pas besoin de manger avec vos coéquipiers tous les matins pour gagner.
Mbappé « La Coupe du Monde 2018 ? Pour moi, ce n’était pas un aboutissement, une finalité. »
La nuit avant la finale ?
J’étais un peu stressé. Je n’ai pas réussi à dormir beaucoup. Mais plus le match était proche, moins j’étais stressé. Quand tu es en finale de la Coupe du Monde, tu es convaincu que tu vas gagner. Les Croates aussi étaient convaincus qu’ils aillaient gagner. Tu rentres sur le terrain et le trophée est là, entre les deux équipes, et tu te dis que c’est impossible que ce soit l’autre équipe qui le prenne. C’est pourquoi il y a une immense déception si tu perds.
Pour moi, ce n’était pas un aboutissement, une finalité. Je ne pense plus à ce trophée. Je ne regarde pas des photos de la Coupe du Monde avant de dormir. Honnêtement, ce sont les gens qui viennent me voir et me dire « tu es champion du monde, merci ! ».
Ce que j’ai dit à Neymar cette année pour la course au Ballon d’Or ?
J’ai dit « Je ne veux pas marcher sur tes platebandes. Je serai un candidat pour le Ballon d’Or cette année parce que tu ne le seras pas, mais je promets que je ne veux pas prendre ta place.
Mbappé « C’est impossible d’espérer une vie normale, mais un peu de respect pour la vie privée de quelqu’un n’est pas trop demandé, je pense. »
J’ai amené la Coupe du Monde à Bondy ?
C’était une manière de dire « Merci ». Je n’ai jamais oublié d’où je viens. Donc c’était important pour moi de revenir ici après ma première Coupe du Monde.
Je peux me considérer comme une star ?
Je pense que oui. Si ton visage est partout dans la ville, dans le monde, alors c’est sûr. Être une star, c’est un statut, mais cela ne fait pas de moi une meilleure personne que les autres. C’est simplement de l’organisation pour sortir (sourire).
Un fan te donne énormément d’amour, mais parfois c’est peut-être un excès et il peut ne pas respecter ton intimité. Nous donnons nos vies aux gens, parce que nous leur donnons du plaisir tous les 3 jours et nous leur donnons notre temps. C’est impossible d’espérer une vie normale, mais un peu de respect pour la vie privée de quelqu’un n’est pas trop demandé, je pense.
J’ai pris la parole face à la violence ?
J’ai pris le temps pour commencer à en parler, parce que je n’étais pas prêt. J’avais beaucoup de choses à digérer : mon changement de statut, ma nouvelle vie. Mais j’ai toujours été opposé à tous les types de violence.
Mbappé « Je lui ai expliqué la mentalité française. »
Ma relation avec Neymar ?
Je lui ai expliqué la mentalité française. Au Brésil, ils sont plus festifs, c’est plus sérieux en France. Ici, ce n’est pas considéré comme positif d’afficher ses passions. Les gens pensent qu’il néglige le PSG parce qu’il joue au poker. Je pense qu’il a commencé à comprendre cela. Au début, c’était difficile pour lui. Quand il est arrivé, ils ont mis son visage sur la Tour Eiffel et 6 mois plus tard ils lui demandent pourquoi il joue au projet. En France, les gens savent ce que vous avez mais ils ne veulent pas le voir. Ils veulent juste vous voir jouer au football, en souriant.
Au haut niveau de football, personne ne va te faire une place ou te dire que tu es capable de choses. C’est à toi de te persuader de ce que tu es. L’ego, l’amour de moi, ce n’est pas seulement un caprice de stars. C’est aussi une volonté de se surpasser, de donner le meilleur de toi-même. Quand il entre sur le terrain, il le dit « je suis le meilleur ».
Mbappé » Ces joueurs sont incomparables. »
Si je pense que Ronaldo et Messi sont meilleurs que moi ?
Ce n’est pas que moi qui le sait (rires). Tout le monde le sait. Si tu te dis que tu es meilleur qu’eux, c’est au-delà de l’ego ou la détermination, c’est un manque d’attention. Ces joueurs sont incomparables. Ils ont cassé toutes les lois des statistiques. Ils ont eu 10-15 années extraordinaires.
Tu te compares toujours aux meilleurs dans ton sport, tout comme les boulangers se comparent aux meilleurs autour d’eux. Qui fait le meilleur croissant ? Je regarde les matchs d’autres grands joueurs pour voir ce qu’ils font. Je pense que les autres joueurs me regardent aussi. Je pense que cela pousse les joueurs à évoluer. Comme Messi était bon pour Ronaldo et Ronaldo bon pour Messi.
La comparaison avec Haaland ?
C’est sa seconde saison, on apprend à le connaître. C’est le début pour lui. Je suis heureux pour lui, pour ce qu’il fait.
Mbappé « C’est le meilleur match de carrière. »
Le 1-4 contre le Barça au Camp Nou ?
C’est le meilleur match de carrière, car il a été complet. J’ai aidé mon équipe offensivement et défensivement, et j’ai réussi dans la création et la finition de mes actions, dans les duels. J’ai gagné 90% de mes duels, si la statistique est correcte. Dans tout le monde, il n’y a jamais eu un moment dans lequel je me suis senti éteint.
Il y a des plans tactiques contre moi ?
Il y a plusieurs plans anti-Mbappé dans les matchs, oui. Cela veut dire que j’ai été reconnu en tant que grand joueur. Cela pousse à avoir plusieurs cordes à son arc. J’aime cela, car j’adore les challenges.
Je suis trop fort pour la Ligue 1 ?
La France n’a pas le meilleur championnat dans le monde, mais c’est responsabilité, en tant que tête d’affiche, d’aider le championnat à grandir.
Mbappé « Je ne suis plus un petit jeune. Je suis Kylian Mbappé. »
Mon statut aujourd’hui ?
Avec Neymar, nous sommes des leaders naturels du PSG. Plus tu es une personnalisé importante, plus tu as des responsabilités. Je ne suis plus un petit jeune. Je suis Kylian Mbappé.
Mes objectifs dans ma carrière ?
Tout gagner.