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Leonardo : «Avoir une mentalité de vainqueur»
Après avoir passé en revue le mercato du PSG (voir article), Leonardo s’est longuement exprimé sur le début de championnat du PSG, la saison à venir et la mentalité à avoir pour gagner des matches.
Avec deux matches nuls en deux matches face à Lorient et Ajaccio, le début du championnat des Parisiens est forcément décevant pour le directeur sportif. « C’est clair. Mais le titre de champion ne dépend pas de ces deux matches. C’est notre parcours qui va dire ce que cette équipe peut devenir, et là je ne suis pas inquiet. En France, on est peut-être la seule équipe qui a presque complètement changé son onze de départ (en fait, contre Lorient, huit des onze titulaires étaient déjà au club la saison passée et, à Ajaccio, la seule recrue alignée était Lavezzi). Les autres équipes se connaissent depuis longtemps, elles sont compactes, connaissent la L 1. Chacun a ses arguments. Nous, on a de bons joueurs. Ce qui m’a déplu ? Le manque de constance. On a fait une seule période bonne, la seconde contre Lorient, avec du feu, même parmi le public. On sent d’ailleurs qu’il y a quelque chose de plus au Parc aujourd’hui. Il pousse toujours l’équipe. Ajaccio, c’était un match bizarre. Presque tous les joueurs étaient dans un état d’esprit moyen. Mais, dans ces cas-là, on doit savoir réagir, trouver l’arme qu’il faut. Un joueur du PSG doit refuser même l’idée de match nul. (…) Il n’y a pas Carlo d’un côté, le club de l’autre. On partage tous les mêmes idées sinon le projet n’existerait pas. Tous ceux qui signent ici savent où on veut arriver. Après, il faut maintenir un niveau d’exigence élevé constant et ça, on ne l’a pas encore. Mais le projet du PSG n’a que quatorze mois. Ce qu’il se passe au club est nouveau, ce n’est pas dans la norme, même pour vous, les médias. On ne va pas se cacher. On est tous très pressés dans la vie, et pas seulement dans le football. Le beau jeu, aujourd’hui, passe après le résultat. Qui joue bien, à part Barcelone ? Il y a, dans cette ville, une culture de l’esthétisme. C’est ma culture aussi, et celle de Carlo. Mais bon, le beau jeu ne se juge qu’avec le temps, au moins sur deux saisons. Pas dès dimanche contre Bordeaux. Mais on va y arriver doucement, a expliqué Leonardo dans L’Equipe, avant de rappeler que le PSG n’est pas le seul à affronter des équipe surmotivées. Mais le Real Madrid vit ça aussi. Sauf qu’au Real c’est dans la culture du pays. Les autres ont accepté cette idée. Nous, on doit arriver à ça aussi. Aujourd’hui, quand Ibra ou Thiago Silva signent à Paris, tout le monde est impressionné. Dans deux ou trois ans, ce ne sera peut-être plus le cas. »
En ce qui concerne Pastore, le technicien brésilien admet que l’Argentin aura moins de pression sur les épaules cette saison et qu’il est dans les meilleurs conditions possibles pour être efficaces. A condition d’avoir le bon comportement sur le terrain. « Il est monté en intensité à l’entraînement, dans le travail physique, dans sa préparation d’avant saison. C’est un bon joueur qui peut jouer un peu partout et offre beaucoup de possibilités. Il évolue, il se montre disponible. À Ajaccio, il n’a pas été incroyable, mais c’était un match bizarre ; 85 % de l’équipe n’était pas bien. Ce qui compte, c’est d’avoir une mentalité de vainqueur. Si tu as un grand talent, tu n’as pas forcément besoin d’être plus rapide que les autres. Javier est arrivé dans la situation la plus compliquée, au début de ce projet. C’était LA recrue (l’été dernier, de Palerme, contre 42 M€). Mais, cette année, il a tous les moyens pour faire une grande saison. Ce n’est pas une question de tolérance. Ou tu entres dans le système et la culture de la gagne ou tu sors… Je ne parle pas que de lui, a lâché Leo, qui ne s’inquiète pas pour Lavezzi, auteur d’un début de saison plus que poussif. Il n’a pas fait un bon match, c’est évident, mais il n’y a aucun souci avec lui. Il a une grande expérience. Un joueur comme lui réalisera de belles choses. Là, il vient d’arriver, il est encore à l’hôtel. Il faut voir qu’il débarque de Naples. Je ne sais pas si vous pouvez imaginer le quotidien d’un footballeur à Naples… Il vit et doit assimiler un changement d’univers. »
Ensuite, l’ancien dirigeant de l’Inter Milan et du Milan AC a évoqué les objectifs du club, à savoir le titre de champion de France, les coupes et un beau parcours en Ligue des Champions. « On est en train de construire un moteur qui fonctionne bien, mais toutes les pièces ne fonctionnent pas ensemble. Cela va prendre un peu de temps. Après, la Ligue des champions, c’est un peu bizarre, alors… Ce qui est sûr, c’est que jouer au Parc ne sera facile pour personne. Pas grand monde ne souhaite tomber sur nous. (…) Cette équipe doit aborder chaque match pour le gagner. L’obligation de victoires doit devenir notre ADN. Il y a des investissements, un projet, on est là pour gagner, pas pour rigoler ou pour les photos. Si un joueur du PSG aujourd’hui n’a pas conscience du projet qui se met en place, il ne restera pas ici. Je ne suis pas là pour être aimé par les joueurs. Je travaille pour le club. (…) Parce que vous pensez que je pense que je suis génial et très intelligent ? Mon but n’est pas de montrer que je suis bon. On a été critiqués parce qu’on voulait l’excellence dans la gestion. Mais cette recherche d’excellence, c’est aussi tout un travail invisible comme le choix de l’hôtel des joueurs, le lit dans lequel ils dorment, un chef de cuisine, un avion qui rentre plus tôt…(…) Le Championnat ? Il est tellement équilibré. Les cinq dernières saisons, il y a eu cinq champions différents. Lyon, Lille, Marseille ont bien démarré. Montpellier n’a pas bien démarré mais il a une grande partie de son groupe de la saison dernière. Je ne sais pas. (…) Ça faisait combien de temps que le club n’avait pas participé à la Ligue des champions (depuis 2004-2005) et n’avait pas joué le titre ? En France, on ne pense même plus avoir une équipe capable d’atteindre la finale de la Ligue des champions, la preuve, la dernière journée de L 1 (le 26 mai 2013) se trouve le lendemain de la finale de la C 1… C’est culturel. Que le troisième de L 1 doive passer un barrage pour aller en Ligue des champions, c’est une catastrophe pour la France. Il y a une remontée mais le système français doit s’ouvrir un peu. Il est trop renfermé. Il faut créer un produit qui communique dans le monde entier sinon le Championnat restera comme il est. La Premier League communique partout, tout le temps, même au Japon. Nous (le PSG), on a les moyens et le talent d’être compétitifs et d’avoir des résultats en Ligue des champions mais, s’il n’y a pas un projet plus global, c’est plus difficile.»