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Le mercato, Nasser, le logo…Leonardo dit tout ! (2/2)
Dans un long entretien accordé à L’Equipe, Leonardo a évoqué tous les sujets en rapport avec le PSG : le mercato avec les volontés de départ et les possibles arrivées, la montée en puissance de Nasser Al-Khelaïfi, le statut de Zlatan Ibrahimovic et les résultats et objectifs du club. En voici la seconde partie (lire la première partie).
Leonardo est notamment revenu sur la situation sportive du PSG, avec la crise de novembre, et l’image du club avec la confirmation que le logo pourrait être modifié dans le futur. « On a vu des hauts et des bas depuis le début de la saison, c’est vrai. À chaque fois que quatre ou cinq nouveaux joueurs arrivent dans un club, il faut un peu de temps pour que ça prenne. Mais le mois de décembre a montré une équipe sûre de sa force et les matches les plus complets. Cela suivait des défaites contre Rennes (1-2, le 17 novembre) et Nice (1-2, le 1erdécembre) en L 1 ou Saint-Étienne (0-0, 3-5 aux t.a.b.) en Coupe de la Ligue et puis, boum, c’est reparti. Porto, le match déclencheur ? Peut-être. Mais ce sont surtout les cinq matches qui ont suivi qui nous ont donné beaucoup de sécurité et on a très bien fini l’année. Mon attitude dans le vestiaire ? Le plus important est de voir quels points tu peux toucher pour changer tout de suite. Parfois, c’est l’orgueil, parfois le système de jeu, la façon dont tu t’exprimes… Il faut aller au fond des choses. Mais ce qui a été déterminant, surtout, c’est la volonté des joueurs. Ils se sont regardés en face et maintenant, ils se disent que la défaite est une tragédie. Aujourd’hui, la défaite gêne et c’est devenu la normalité. Il y a un an et demi, lorsqu’on le disait, tout le monde trouvait cela prétentieux. Plus maintenant. Aucun de nous, au PSG, pas seulement dans l’équipe mais aussi dans les bureaux, n’accepte la défaite. On a des moyens comparables aux autres grandes équipes en Europe, c’est évident, mais on n’avait pas la base qu’un club comme Lyon a depuis vingt ans. Lyon a une histoire, comme Marseille. Mais, aujourd’hui, on est vraiment proches d’une vraie structure. Je suis content de voir ce qu’on a réalisé en un an et demi. On peut désormais changer n’importe qui dans l’organigramme du club, celui-ci ne s’en ressentira pas. Moi, je suis un professionnel du football qui travaille pour le Paris-Saint-Germain, je ne suis pas l’image du Paris-Saint-Germain. Nasser al-Khelaïfi représente le club, pas moi. Moi, je représente un projet sportif. Je travaille pour moi, je suis peut-être même égoïste par rapport à ça. L’image du PSG, c’est Nasser. Il a beaucoup grandi dans le monde du football et il est prêt pour incarner le rôle de président aujourd’hui. Il y a un an et demi, ce n’était peut-être pas le cas. Aujourd’hui, oui. C’est une personne avec de grandes qualités de management, qui a une grande vision. Moi, je ne suis pas un homme de politique, je suis un homme de sport. Si tu entres dans la politique, tu es mort sportivement. Puisque vous parlez d’Alain Roche, avec qui j’ai joué, je crois que c’était difficile pour lui parce qu’il travaillait sur le même domaine que moi, le recrutement. Par exemple, Blaise Matuidi, c’est Alain qui en est à l’origine. Mais ça faisait sept ans qu’il était dans le club et on est arrivés à la conclusion que c’était mieux de s’arrêter. Après, Antoine Kombouaré, un autre ancien, est resté dans un premier temps au club. Ce n’est qu’en cours de saison qu’on a changé. Mais, dans un projet comme le nôtre, la première chose a consisté à changer le système. Ensuite, si les personnes ne sont pas capables de t’accompagner, alors il faut changer les hommes. Les supporters estiment que l’on respecte pas l’histoire du club ? Ce n’est pas parce qu’on réfléchit à changer le logo du club qu’on ne respecte pas l’histoire. Le PSG l’a déjà changé cinq fois. Des grands clubs l’ont changé dix fois. Je crois que cette fausse idée vient de la perception de l’argent, du pouvoir que l’on a et que l’on peut tout casser. Mais ce n’est pas vrai. Le respect est là. Moi, je suis là pour l’histoire du club. Concernant les anciens joueurs, Rai, Ginola, Pauleta sont déjà venus, on a essayé de voir pour Susic, le club est ouvert. Moi, je ne pense à rien sinon aux résultats. Ça fait longtemps qu’on n’a pas vu le capitaine du PSG soulever un trophée. Je ne pense qu’à ça. Le Championnat ? Ne pas le gagner serait un échec, c’est sûr. La Coupe de France, c’est la même chose. Et la Ligue des champions ? C’est sûr que le Barça est le favori, mais on peut aussi se dire qu’on est à sept matches de la victoire finale. »
Ensuite, le dirigeant brésilien a évoqué la position de Zlatan Ibrahimovic au sein du club et de l’équipe. « Est-ce possible de faire venir un joueur comme Neymar ou Ronaldo pour jouer à côté d’Ibrahimovic ? Tous les grands joueurs peuvent jouer ensemble. Ibra a récemment déclaré qu’en trois mois à Paris il avait pris dix ans. Je n’en ai pas parlé avec lui. Je n’ai pas bien compris. Mais s’il est fatigué, il va prendre des vitamines (il sourit) parce qu’il y a encore beaucoup de travail à faire. Mais Ibra est un travailleur. Il n’a pas de problème avec ça. Le niveau physique du championnat, ce n’est pas facile. Les défenseurs jouent plus l’homme que la zone comme dans les autres Championnats. C’est donc plus difficile, tu dois bouger un peu plus, te sortir de situations serrées. Mais il a une faculté d’adaptation supérieure. C’est pour ça qu’il bouge un peu plus. Il trouve toujours la manière. Ibra n’est pas qu’un grand costaud. Il a tout. S’il fait équipe avec Ancelotti ? C’est une légende. C’est ridicule. Il n’y a qu’un patron ici, c’est Nasser (al-Khelaïfi). Ibra est très respectueux de l’institution PSG. Il a pris la place de parking de Makelele au Camp des Loges, mais ce n’est pas le problème Ibra, c’est notre problème, le problème du club. On peut dire que les joueurs sont mal éduqués mais, au Camp des Loges, aujourd’hui, on a une équipe avec vingt-neuf joueurs, un staff de trente personnes, alors qu’il était trois fois moindre avant, on a PSG TV, des consultants qui viennent tout le temps, un restaurant qui n’existait pas avec dix personnes qui travaillent en plus. Ce n’est plus possible. On n’a même pas la place pour le camion de livraison. C’est pour cela que l’on a dû interdire les familles au centre, parce qu’on n’a pas la place pour ça. Mais un déménagement n’est pas possible avant trois ans, je pense. Des problèmes entre Ibra et Nenê ? Cela ne marche pas comme ça. Ibra est payé pour faire du Ibra et il l’a fait en marquant dix-huit buts. Il n’y a pas de faveurs pour Ibra, un autre ou moi. On est une entreprise, avec un propriétaire qui nous paie. Le club paie et nous, on travaille, c’est tout. Si un joueur commence à entrer là-dedans, c’est fini, il est mort, il perd le respect et Ibra y tient beaucoup, au respect. Il est trop intelligent pour rentrer là-dedans. Si Ibra et Thiago n’étaient pas heureux ici, ils ne joueraient pas comme ça. Après, des joueurs peuvent retourner d’où ils viennent. Et alors ? Ce n’est pas la mort. D’autres arrivent. »
Enfin, Leonardo s’est exprimé sur ses relations avec Carlo Ancelotti et le rôle du technicien italien au sein du club. « Carlo Ancelotti souhaitait que les joueurs étrangers apprennent le français, or excepté Sirigu et Maxwell, aucun ne le pratique vraiment ?Je ne vois pas cela comme quelque chose d’embêtant parce que cela n’empêche pas la communication. Cela n’est pas un problème si la structure du club autour est forte. On a encore des fragilités, comme les joueurs qui parlent à l’extérieur du vestiaire, mais il n’y pas de problème entre les francophones et les italophones. Et puis, le français n’est pas une langue facile. Ibra commence. Mais les joueurs ont toujours un peu dans la tête que leur langue, c’est le terrain, leur talent avant tout. Concernant Pastore, c’est un autre problème. Au début, il a été l’homme à abattre pour justifier les critiques sur son transfert. On parle avec tous les joueurs, il n’y a pas de chouchou. Franchement… Il est dans la concurrence comme tous les autres. Je suis encore convaincu que Pastore a encore un grand talent. Il a fait un choix difficile en venant ici et il l’a payé. Mais je ne suis pas inquiet par rapport à son niveau. iIl a connu des moments très difficiles et il l’a reconnu. Mais maintenant, il commence à rebondir. Des tensions entre Carlo et moi ? Jamais ! Mais heureusement, on n’est pas toujours d’accord. On discute. C’est normal. Des différends sur les transferts ? Sur ce sujet, Carlo sait faire… Ce n’est pas un jeu, mais, bon, il est dans son rôle d’entraîneur. Il est dans son rôle, il pense au présent, au match qui vient. Mais le club pense aussi à long terme pour préparer l’avenir. S’il a souhaité la venue de Van der Wiel ? Tous les joueurs qui sont arrivés ici ont été des choix partagés par l’entraîneur. Bien sûr, je suis content du travail effectué par Ancelotti. Il est arrivé dans un moment très compliqué après le départ de Kombouaré. Il a eu beaucoup de courage d’assumer ce défi. Il a très bien fait. Si le PSG va recruter Mourinho ? Je ne vois pas Mourinho quitter Madrid. Qu’il parle du PSG, quand quelqu’un parle du club où tu travailles, c’est que ton club est intéressant. On a des joueurs que les gens respectent. Zlatan, bien sûr, mais aussi Thiago Silva. Hier (lundi), j’ai vu le onze de l’année FIFA et il n’est pas dedans. Pfff… Sincèrement, je ne sais pas qui a voté, mais bon… Onze joueurs et Thiago n’est pas dedans ? Ce n’est pas possible. La présentation de Lucas, elle, a été suivie en direct au Brésil. Lavezzi, on a dix clubs qui le suivent. Le PSG devient un club très intéressant. »