Jean Fernandez : « Le PSG a de la marge »

Vendredi, le Paris Saint-Germain débutera sa saison de Ligue 1 par un déplacement à Montpellier. Une rencontre que Jean Fernandez, le nouveau coach du MHSC, attend avec impatience, même s’il sait qu’il sera compliqué de rivaliser avec l’armada parisienne.

« Un avantage de jouer maintenant le PSG ? Tout le monde me dit ça mais je n’en suis pas convaincu. Paris s’est encore renforcé mais les automatismes d’équipe sont quand même là. Il y a une base qui n’a quand même pas autant changé que ça. Vers un championnat à deux vitesses ? Le risque existe. Je pense que le PSG va vite se détacher, cette saison. Pour Monaco, je suis plus réservé. Il y a une équipe à mettre en place. Mais, à l’avenir, s’ils continuent sur les mêmes bases d’investissement, ce duo va prendre le large. On sera dans un schéma à l’espagnole, avec le FC Barcelone et le Real Madrid qui sont archi-dominateurs depuis des années, et parfois un trublion entre les lignes. Mais, sur la durée, il n’y aura pas de surprises. C’est frustrant pour les autres clubs. Il faudra s’y faire. Mais je ne vois pas ce scénario dans l’immédiat. Par rapport à Monaco, et encore plus aux autres, le PSG a de la marge. Remporter la Ligue des Champions ? C’est encore tôt pour Paris. Le PSG s’en donne les moyens, mais je le pense encore juste par rapport aux grands clubs européens. Dans les deux ou trois ans à venir, ce serait une bonne surprise, mais d’ici à cinq saisons, je les vois bien réussir à décrocher la C1 avec ce niveau d’ambition », a déclaré le technicien montpelliérain dans France Football, avant d’évoquer l’impact de la montée en puissance du PSG et de Monaco sur le football français.

« Je regrette que le recrutement du PSG ou de Monaco ne soit pas davantage franco-français, a-t-il poursuivi. Ces clubs n’injectent presque pas d’argent en L1. Leurs transferts n’alimentent pas le système et les autres clubs. Le cercle n’est pas vertueux à ce niveau. Dans les années 2000, quand Lyon dominait la L1 et faisait partie du top 8 européen, l’OL achetait français en grande partie, ou tout du moins en L1. Ça faisait du bien à l’économie de notre football. Aujourd’hui, il va y avoir un gouffre entre le PSG, Monaco et les autres. Ce sera plus la prime à l’argent qu’au mérite et au travail. Je trouve ça dommage. Mais ça permet aussi à la L1 de faire plus parler d’elle à l’étranger… Entre février et mai, quand j’étais sans club, j’ai vécu trois mois en Espagne. (Il sourit.) Il fallait avoir une bonne télécommande pour trouver des images de Ligue 1 à la télé! Les Espagnols n’en parlent quasiment pas, ça m’a vraiment surpris. Je voyais facilement les buts du Portugal et même des Pays-Bas mais rarement les nôtres. À ce stade d’ignorance, ça m’a presque choqué. C’est pareil en Allemagne ou en Italie, où j’ai fait quelques escapades. Ils parlent peu de nous. On est vraiment à la cinquième place dans la hiérarchie européenne, très loin derrière. Alors, si l’émergence du PSG et de Monaco peuvent faire du bien à ce niveau, tant mieux! Je pense d’ailleurs que l’arrivée de Falcao à Monaco va augmenter la notoriété de la L1 en Espagne. Le Colombien est vraiment une star là-bas, juste derrière Messi et Cristiano Ronaldo. »