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Galtier se confie : son style, son arrivée, la Ligue des Champions et Campos
Christophe Galtier, entraîneur du Paris Saint-Germain, s’est confié dans une interview diffusée sur RMC Sport. Le coach arrivé cet été à la place de Mauricio Pochettino a parlé de son style de gestion, son arrivée à Paris, l’adaptation à l’effectif, la Ligue des Champions et sa relation avec le conseiller football Luis Campos.
Galtier « je souhaite que la direction que je prends soit acceptée par tout le monde. »
Quel est votre style, exigeant, juste ou paternaliste ?
Exigeant, très exigeant. Mais à la fois très proche de mes joueurs. Je suis beaucoup dans l’écoute, le partage, mais à partir du moment où j’ai décidé, je souhaite que la direction que je prends soit acceptée par tout le monde. J’ai beaucoup d’exigence dans le travail tout en étant très proche des joueurs.
Ce sont de jeunes garçons, ils ont besoin aussi d’avoir quelques fois d’avoir la possibilité, en parlant, d’évacuer de la frustration. Ils ont besoin aussi, en parlant, de demander des explications, de préciser leurs attentes par rapport à un modèle de jeu.
Galtier « Je dois être très lucide sur ce que représente le poste d’entraîneur du PSG. »
Comment avez-vous vécu vos premiers pas au PSG ?
Ça va. Quand on devient entraîneur du PSG, automatiquement la vie change. De par l’exposition, l’importance et la médiatisation du club, de ce qu’il représente en France et à l’international, de par la composition de son effectif avec des joueurs de niveau mondial.
Donc il y a une grande exposition. Il faut être lucide, maîtriser ses émotions, tout en étant naturel. Je suis comme je suis, j’ai mon parcours, j’ai 56 ans, on ne change pas à cet âge-là. Je dois être très lucide sur ce que représente le poste d’entraîneur du PSG.
Galtier « Ce n’est pas simplement un top joueur à tel endroit, un autre à tel endroit. Je veux que mon équipe dégage une certaine force »
Le style adapté aux forces en présence ?
Même si de par la composition de l’effectif et les forces que nous avons, j’ai changé de modèle de jeu avec une organisation défensive et une animation offensive différentes de ce que j’ai fait à Saint-Etienne, Lille ou Nice, je veux que quand on voit le PSG jouer on voit une équipe structurée. Tout simplement être une équipe.
Ce n’est pas simplement un top joueur à tel endroit, un autre à tel endroit. Je veux que mon équipe dégage une certaine force, une identité et que tous les joueurs soient au service du collectif.
Galtier « Je souhaitais devenir l’entraîneur du PSG et j’en suis très heureux. »
Un doute avant de signer au PSG ?
Non, ça ne se refuse pas. C’est le défi de ma carrière à mon âge. Dès que les premières discussions ont commencé j’ai voulu que ça aille au bout, sans aucune hésitation par rapport à mon parcours, à mes origines, par rapport à l’absence de vécu de la Ligue des Champions. Je souhaitais devenir l’entraîneur du PSG et j’en suis très heureux.
Un super début de saison ?
Oui, évidemment que ça soit le Trophée des Champions ou les 3 premiers matchs de Ligue 1, j’ai pris énormément de plaisir à voir les joueurs jouer ensemble, être heureux ensemble. Cela a été un peu plus difficile face à Monaco, qui était sûrement le premier gros adversaire du début de saison.
Mais j’ai aimé la réaction en seconde période. On a senti que les joueurs sont allés puiser au plus profond d’eux-mêmes pour revenir au score. Et en faire en sorte de gagner, même si on n’y est pas arrivé. J’ai pris du plaisir, mais le plaisir de l’entraîneur est très court.
Galtier « Je n’ai pas une pression particulière, si ce n’est l’ambition d’aller le plus possible. »
Une pression en Ligue des Champions ?
Evidemment qu’il y a une grosse attente par rapport à ce magnifique trophée, mais je le dis souvent et je ne suis pas le seul, il n’y a qu’une équipe qui va le gagner. Il 8-9 équipes qui se disent capables de gagner la Ligue des Champions et à la sortie il n’y a qu’un vainqueur. Il y a une grosse attente, il y a eu une grosse déception la saison dernière.
Je pense que c’est lié à l’histoire des deux matchs. Parce que dans l’absolu, quand on est éliminé par le Real Madrid, ça reste le Real Madrid. Mais quand on voit les deux matchs, on pense que le PSG a les moyens pour se qualifier. Mais c’est tellement une compétition à part, il y a parfois des scénarios surréalistes. C’est aussi ça le charme de la Champions League.
Il y a une attente, mais je n’ai pas eu dans les nombreuses discussions avec la direction le fait qu’il faut gagner la Ligue des Champions. Il faut aller le plus loin possible, il faut se donner les moyens, il y a cette ambition. On doit la transmettre tous les jours. On a une poule où tout le monde dit que le PSG est favori, mais c’est un groupe difficile avec des clubs historiques. Je n’ai pas une pression particulière, si ce n’est l’ambition d’aller le plus possible.
Galtier « il faut maintenir un certain équilibre pour ne pas être surpris sur une transition. »
Vous connaissiez déjà bien les défauts du PSG en l’ayant affronté ?
Oui, déjà quand vous êtes dans un autre club français, c’est le match de la saison. En termes d’exposition et de valeur d’équipe. Ce sont des matchs simples et compliqués à préparer. Il y a la motivation, même s’il ne faut pas tomber dans l’excitation, mais il y a ce qu’on doit faire lors du match, très organisé, ne pas laisser d’espace et profiter du fait que le match puisse durer pour que les espaces puissent durer.
Les saisons dernières, quand le score était fermé il y avait de plus en plus d’espaces car c’est une équipe joueuse et il y avait peut-être moins d’efforts défensifs des uns et des autres et on pouvait saisir des opportunités.
C’est à l’image de ce qu’on a vécu contre Monaco, qui a présenté une grosse organisation défensive, et il n’y a rien de péjoratif, avec des transitions offensives. C’est un axe de réflexion face au PSG. Quand on est à Paris, on veut jouer vers l’avant, utiliser les côtés, avec beaucoup de connexion, mais il faut maintenir un certain équilibre pour ne pas être surpris sur une transition. On a subi cela hier.
Galtier « Si je suis ici aujourd’hui c’est évidemment parce que Luis est là. »
Votre relation avec Luis Campos a facilité votre signature au PSG ?
Ce n’est pas que ça a facilité. Si je suis ici aujourd’hui c’est évidemment parce que Luis est là. Cela fait 4-5 ans que l’on se connaît, que l’on se côtoie. On a travaillé ensemble 3 ans à Lille et on n’a jamais perdu le contact. Je pense qu’on est complémentaire. On est différent, mais complémentaire. On a tous les deux de l’ambition, le même objectif pour ce que doit être le vestiaire, la vie de l’équipe, ce que doit dégager l’équipe.
Et comment on en arrive là, à rendre une équipe performante, solide. C’est le quotidien au travers du travail, de l’exigence et du dialogue entre les uns et les autres. C’est aussi notre relation quotidienne de discuter et partager avec chacun qui est à l’écoute de l’autre. Je pense que l’on est beaucoup plus performant avec plusieurs cerveaux qu’un seul.
Galtier « Je crois qu’il faut toujours tout évacuer, tout mettre sur table avec respect et la manière. »
Les secrets de cette relation spéciale ?
Le discours et les échanges avec Luis sont très directs. Il n’y a pas de non-dit. La pire des choses qu’il peut y avoir dans une relation professionnelle où les uns et les autres sont très proches, ce sont les non-dits. Je crois qu’il faut toujours tout évacuer, tout mettre sur table avec respect et la manière.
Mais il ne faut pas se gêner pour aborder des sujets qui peuvent fâcher, sur des orientations ou des prises de décision. Il y a quelques fois des désaccords et l’objectif de la discussion n’est pas que l’un prenne le dessus sur l’autre, mais de prendre la meilleure formule, la meilleure décision possible pour l’équipe.
Galtier « Les premiers joueurs auxquels j’ai pensé quand je suis arrivé, ce sont Marco Verratti et Marquinhos. »
Comment se préparer à aborder ce groupe du PSG ?
Je n’ai préparé, parce que je fonctionne aussi à l’instinct, mais dire que je n’ai rien préparé c’est un peu exagéré. Il faut être structuré et naturel. Je ne suis pas en train de jouer un rôle. Je suis ce que je suis en tant qu’entraineur, j’ai la personnalité que j’ai. La première chose que je leur ai dite, c’est que je suis très heureux et très fier d’être leur entraîneur.
Pendant des années, j’ai rencontré le PSG avec différents joueurs. Les premiers joueurs auxquels j’ai pensé quand je suis arrivé, je vais peut-être vous surprendre, ce sont Marco Verratti et Marquinhos. Ils sont là depuis des années. J’ai l’habitude de préparer les matchs contre Marco, on s’est aussi souvent croisé. Et je me suis dit que j’allais entrainer des joueurs que j’ai toujours appréciés, admirés. Je leur ai dit que je suis très fier d’être leur entraîneur. Et très heureux. Je sais que ce sera difficile, mais au travers du dialogue et l’investissement total de tout le monde, on va y arriver.
L’interview en vidéo :