
Autour du PSG
Un ami de Luis Enrique raconte sa relation avec les médias
Manfredo Alvarez, journaliste à la Cadena Ser de Gijon, côtoie Luis Enrique, entraîneur du Paris Saint-Germain depuis 30 ans. Il est le seul ami du coach espagnol qui exerce des fonctions de journaliste et surtout « Lucho » lui réserve ses interviews. Interrogé dans L’Équipe, Alvarez détaille le fonctionnement de son ami et explique que Luis Enrique ne se soucie pas de ce que pensent les médias de lui. Il veut seulement protéger son groupe contre les polémiques et le négatif ambiant généré par les médias. Alvarez explique aussi que Luis Enrique n’a pas peur de dire ce qu’il pense.
Alvarez « Lui n’use jamais de poncifs et reste fidèle à lui-même »
« Qu’avez-vous pensé de la réaction de Luis Enrique après le match Rennes-PSG ?
En tant qu’ami, ça m’a fait rire. Je me suis dit : « Ça, c’est du Luis tout craché. » Un type qui ne se tait pas, qui dit en face ce qu’il pense et n’esquive pas les questions. Et ça, 95 % des entraîneurs ne le font pas. Lui n’use jamais de poncifs et reste fidèle à lui-même. Il n’a pas honte de dire ce qu’il pense et se fiche des conséquences et de l’image publique qu’il peut renvoyer.
Alvarez « Il n’a jamais accordé d’importance à ce que la presse pouvait dire ou penser de lui »
Cette façon d’être avec les médias, est-ce nouveau ?
Il était déjà comme ça quand il était joueur de la réserve du Sporting Gijon (1989-1990). Il n’a jamais accordé d’importance à ce que la presse pouvait dire ou penser de lui. Lui, ce qu’il veut seulement, c’est avoir de bonnes relations avec son cercle intime, que ce soit sa famille, ses amis, son staff technique et avec ses joueurs. Après, tout ce qui est extérieur à ça, il essaie de s’en détacher et de s’en éloigner le plus possible. Depuis qu’il est joueur professionnel, il n’a quasiment jamais donné une interview parce qu’il n’aime pas ça.
Alvarez « Il considère en revanche que certains journalistes cherchent constamment la polémique »
Estime-t-il que les journalistes ne sont pas légitimes pour parler de football ?
Je ne pense pas. Il considère en revanche que certains journalistes cherchent constamment la polémique, tout ce qui est négatif et estime qu’ils n’ont pas toutes les clés de compréhension, contrairement à lui qui a logiquement beaucoup plus d’informations qu’eux.
Mais les grands clubs dont il fait ou a fait partie, en tant que joueur ou entraîneur, génèrent en continu tellement d’informations et d’opinions qu’il y en a certaines qu’il n’avale pas. Et il n’hésite pas à le faire savoir. Il a une sincérité, une authenticité qui devraient être valorisées à l’heure où on se plaint de la langue de bois des entraîneurs. Le problème, c’est que quand il le fait, c’est mal perçu ou pas accepté par le journaliste qui l’interroge et ça génère ensuite une polémique.
Alvarez « Il monte tout de suite au créneau et donne toujours son point de vue »
Ce qui interpelle, c’est surtout le ton vindicatif voire agressif avec lequel il répond.
Il n’est pas diplomate et politiquement correct comme un Carlo Ancelotti ou un Vicente Del Bosque. Quand il se sent attaqué, blessé ou quand on attaque son groupe, il monte tout de suite au créneau et donne toujours son point de vue. Surtout quand il considère que les critiques ne sont pas justes ou justifiées. Il n’aime pas qu’on l’emmerde et comme il a du caractère, il ne se tait pas. »
Qu’on aime ou pas, qu’on comprenne ou non, Luis Enrique est une personnalité à part. Sa relation avec les médias ne date pas du match contre Rennes. Il se moque de ce qu’on pense de lui et surtout a bien compris le jeu médiatique fait de déstabilisations en tout genre. Quand un groupe vit bien, la presse, ou les médias peut vite venir mettre le bazar. On est dans une société qui s’attache bien plus sur le négatif que sur le positif, on veut chercher la petite histoire, la petite contrariété. Aujourd’hui, c’est ce qui fait vendre.
Luis Enrique se protège et fait de même avec son groupe, sa famille et ses amis. Il n’est pas question de se laisser embarquer dans quelque chose de trop négatif. Contre Rennes, on l’a vu, c’est encore le négatif qui ressort, alors même qu’il n’est en poste que depuis deux mois et que tout le monde appelle de ses vœux qu’on laisse du temps aux entraîneurs parisiens. En plus de cela, il y a eu victoire, assez convaincante sur certains points.
On comprend l’intérêt que le grand public comprenne tout ce qu’il se passe, ou pourquoi tel ou tel choix a été fait, mais on ne peut pas tous être les entraîneurs du club. Tout le monde a sa propre vision, mais un journaliste n’a pas fait une formation d’entraîneur et surtout, il n’est pas au quotidien avec le groupe et n’a donc pas toutes les données. Luis Enrique ne fait pas de langue de bois, il assume et veut de la sérénité. Les médias ont un client intéressant, qui aime le football, mais vont finir par perdre le lien à force de jouer à la diabolisation.
