Autour du PSG
Riolo « Sans une vraie réflexion, le PSG file vers le désenchantement »
Alors que la fin de saison approche, beaucoup se demandent ce que le Paris Saint-Germain va faire cet été. Bien qu’un nouveau quadruplé national soit possible, il n’y a pas moyen que les Parisiens soient pleinement satisfaits après cet exercice, marqué de quelques mi-temps et matchs au niveau de jeu trop bas, d’une élimination proche du pitoyable en Ligue des Champions et de quelques polémiques que Paris s’est apportée tout seul. Le journaliste Daniel Riolo a livré son analyse sur son blog.
« Je n’arrive toujours pas à comprendre comment le PSG a pu passer du duo Leonardo / Ancelotti à Blanc / X. Comment, pour peu qu’on s’intéresse un minimum au foot et à son management, on a pu penser qu’il y aurait progression en évoluant de cette façon ?
On nous a servi la soupe du jeu, du beau jeu, la photocopie du Barça. On l’a avalé. Les observateurs franchouillards se sont régalés. Mais au final, il reste quoi ? Quand le duo est parti, Paris était champion et quart de finaliste de Ligue des champions. Il l’est encore aujourd’hui. Ah oui, j’oublie les Coupes, le fameux quadruplé blabla. Et le jeu ! Et on est vraiment certain que ça n’aurait pas évolué de la même façon, voire (j’en suis convaincu) mieux avec le duo d’avant ?
Mais bon, la direction du club a cédé à l’environnement. Il fallait plus de France. Entrer dans la famille. Notre foot donne des leçons, il peut voir ses résultats en Europe, non ? Alors : Blanc, Cabaye, Digne, Kurzawa, Aurier, Stambouli. Valeur ajoutée ? Zéro. »
Poser comme cela, il est vrai que la transition est étrange. Déjà parce que le PSG est passé d’un entraîneur reconnu comme l’un des plus grands de ces dernières années à un qui n’avait que peu d’expérience. Mais aussi parce que Paris n’a pas de vrai directeur sportif depuis 2013. Une aberration pour un grand club.
Olivier Létang est bien là en tant qu’adjoint, mais il n’a pas montré la même capacité à négocier et trouver de jeunes talents. Quant au charisme et à la présence pour défendre l’équipe, il est à des années lumières de Leonardo. Certes, il était parfois un peu trop présent et a eu quelques déclarations un peu maladroites, mais au moins le coach et les joueurs étaient protégés par une figure forte, qui n’oubliait pas de renforcer l’équipe.
Blanc a réussi quelques choses, mais son bilan européen est très décevant. Il y a bien le quadruplé national, les records, pour dire qu’il n’est pas un mauvais. Mais Paris veut être au sommet de l’Europe, il faut pour cela être parmi les meilleurs à chaque étage. Et le terrible échec en quart de finale de Ligue des Champions contre Manchester City cette saison soulève forcément des doutes.
Quant à l’apport des joueurs cités par Riolo, il est un peu sévère. Aurier, avant sa vidéo Périscope était en train de s’imposer comme un excellant arrière droit. On espère revoir ce niveau de jeu la saison prochain. Kurzawa n’est qu’à sa première saison et attend pour le moment de prendre la place de titulaire. Ce pourquoi il a déjà montré des signes très encourageants.
Stambouli a été recruté pour être une doublure, ce qu’il fait plutôt bien. Sérieux et agressif, il est irréprochable dans son comportement, ce qui est déjà bien pour un joueur qui joue peu. D’ailleurs, en ce moment, il semble même être un peu meilleur que Thiago Motta.
Mais il y a de la déception, c’est certain. Et d’après Riolo, la priorité pour progresser est de recruter un nouvel entraîneur et laissé partir Ibrahimovic, sans aller chercher absolument des stars ensuite.
Et maintenant, on fait quoi ? On renverse la table ? Non. Le palmarès s’est étoffé, la place dans le Top 8 européen s’est consolidée. Je peux penser que Paris pouvait faire mieux et plus, sans pour autant dénigrer tout ce qui a été fait et ne pas voir les points positifs.
Changer de coach est à mes yeux la priorité n°1. Les limites de l’entraîneur actuelles sont criantes. Elles étaient là au départ, rien n’a changé. J’ai voulu croire que je m’étais trompé un soir de beau match contre Benfica au Parc, je l’avais écrit même. Mais les événements m’ont vite ramené à mon idée première.
Et puisqu’il faut citer un nom, j’avance celui de Pochettino. Elève de Bielsa. Coach nouvelle génération, en progrès et en réussite en Premier League. Ancien Parisien, il a toujours dit qu’il aimerait revenir au Parc. Bref, il a tout pour lui.
La politique de stars au début de l’aventure était compréhensible. Il fallait marquer les esprits, définir un nouveau territoire marchand. C’est fait. Casser la tirelire pour Neymar, pourquoi pas. Mais je crois qu’un recrutement homogène visant l’amélioration du collectif serait plus judicieux. Reus, Lamela, Kroos, Florenzi, Darmian, Dybala, Lewandowski, Sandro, Schmelzer, Castro… Les pistes sont nombreuses sans taper dans la star clinquante.
Paris a besoin d’un nouveau souffle. De nouveaux visages. Garder Ibra serait une faute lourde. Ses buts, son visage, son côté extra en L1 qui devient ordinaire en LDC est lassant. Son insulte au club avec son « Il n’y avait rien avant moi » : Merci monsieur, au revoir monsieur.
Pastore, Cavani, Verratti, beaucoup de joueurs vont s’émanciper à son départ.
Enfin, le PSG doit faire un pas en arrière et revenir vers sa base. La photo Nasser / Sarko en tribune, stop ! Ça devient gênant, parfois gerbant. S’il y a une petite possibilité de trouver des interlocuteurs pour organiser une plus belle ambiance au Parc, il faut jouer la carte à fond.
En 1991, Canal avait créé de toutes pièces la tribune Auteuil. Faire la même chose semble difficile car ceux qui feraient partie de cette nouvelle « création » pourraient être inquiétés dehors. Ça a déjà été le cas.
Le PSG achève cette saison la première étape de sa renaissance QSI. Il faut maintenant passer à autre chose. Sans une vraie réflexion, le PSG file vers le désenchantement. Le foot, c’est un chantier permanent. »
Avoir un nouvel entraîneur permettrait notamment de donner un nouveau souffle à l’équipe. A force, il est difficile de faire pleinement confiance à un coach qui semble bloqué, que ce soit dans un système ou en quart de finale de Ligue des Champions. Si certains joueurs l’ont remercié parce qu’il a su les relancer, il serait surprenant qu’il fasse l’unanimité (Cavani notamment l’a certainement assez vu depuis le banc ou l’aile gauche de l’attaque).
Pochettino est actuellement 2e de Premier League avec Tottenham, qui propose du beau jeu, des buts et des victoires. Il y a de quoi être tenté. S’il ne fait pas encore partie des entraîneurs expérimentés et habitués à la Ligue des Champions, il ne faut pas oublier que ceux-ci ne sont pas disponibles. Sauf peut-être Mourinho, qui a détruit les deux derniers clubs où il est passé (Real Madrid et Chelsea). De toute façon, l’expérience de Blanc en Europe ne l’a pas empêché de faire ce qui semble être des folies contre City.
Pour ce qui est d’Ibrahimovic, il faut bien sûr le remercier de son passage et pour tout ce qu’il a apporté. De nombreux buts (Riolo s’en lassent, pas forcément les supporters), des victoires, des titres, de la visibilité, de la crédibilité au projet. Mais il est certainement temps qu’il parte. Notamment parce que malheureusement la critique est justifiée à son sujet: il n’arrive pas à porter son équipe en Europe (pour une raison étrange et difficile à expliquer, un vrai mystère).
Et le PSG pourrait donc tourner la page. Et l’idée de Riolo semble bonne. Plutôt que d’absolument chercher une superstar, dépenser une fortune pour elle et miser tous les espoirs européens sur ses exploits, construire une belle équipe équilibrée semble bien plus intéressant.
Il y a d’excellents joueurs qui semblent abordables qui pourraient renforcer un effectif où il y a déjà beaucoup de qualité. Donner les clefs du jeu aux Verratti, Pastore et Di Maria, aidés par de nouveaux joueurs, avec un ou deux vrais buteurs, l’idée est même alléchante. Il vaut mieux une équipe complète (le banc parisien est pour le moment encore léger pour la Ligue des Champions) que de dépendre d’un joueur.
Les dirigeants parisiens arrivés en 2011 ont écrit une belle première page et ont mis le projet en place, il est temps de passer à la suite et il faut le faire habillement pour ne pas s’emmêler les pinceaux et gâcher le potentiel du club aujourd’hui.