Autour du PSG
Nabil Ennasri « Le Qatar ne va pas se cantonner au PSG, même si ça restera le navire amiral »
Ce jeudi matin, Le Parisien a fait savoir que l’émir du Qatar et propriétaire du Paris Saint-Germain, Tamim ben Hamad Al Thani, est plutôt agacé par la situation du club. Non seulement par des résultats décevants, surtout en Ligue des Champions, mais aussi par les critiques incessantes reçues. Sans que cela le pousse à partir non plus. Alors le quotidien francilien a demandé à Nabil Ennasri, docteur en sciences politiques et directeur de l’Observatoire du Qatar, de faire le tour de cette situation et des idées pour l’avenir.
« Le Qatar injecte plusieurs milliards en France dans l’immobilier, dans les grandes sociétés et dans le PSG. Voir un faisceau de critiques récurrentes dans la presse et l’opinion, ça suscite de l’incompréhension et de l’amertume chez beaucoup de Qatariens. (…) Même si le PSG gagnait la Ligue des champions, une partie de la société française nourrirait des regrets, parce que ce serait le triomphe de l’argent roi et de l’exubérance sportive. (…)
« Le Qatar a besoin du PSG pour se doter d’un crédit footballistique en vue de la Coupe du monde. »
Un départ des Qatariens ?
Un désengagement avant 2022, est quasi impossible. Même en cas de scénario encore plus noir sur le plan sportif. (…) Le Qatar a besoin du PSG pour se doter d’un crédit footballistique en vue de la Coupe du monde. (…) Après 2022, c’est toute la question. Je suis plutôt dans l’idée qu’ils se maintiendront. Le football sera moins important après la Coupe du monde, mais ça restera un élément majeur du soft power qatarien.
« Nasser a fait du PSG une marque mondiale de sport, un club respecté. »
« Nasser Al-Khelaïfi (président du PSG, ndlr) remis en question ? »
Beaucoup de Qatariens sont conscients de la difficulté de s’imposer avec une équipe qu’on a achetée récemment. Au Qatar, on ne fait pas de procès à Nasser, parce qu’il est très proche de l’émir et il s’investit à fond dans le projet. (…) Nasser a fait du PSG une marque mondiale de sport, un club respecté.
(…) Du côté du Qatar, on est dans cette volonté de poursuivre l’œuvre de réputation, en essayant de mettre des œufs dans différents paniers. (…) Le Qatar ne va pas se cantonner au PSG, même si ça restera le navire amiral de sa stratégie de rayonnement au niveau mondial. », a expliqué Ennasri.
Des critiques pas toujours imméritées, mais le positif est trop oublié.
On peut facilement comprendre ce discours et cette vision des choses. On a souvent vu « l’argent du Qatar » être critiqué en France. Ainsi qu’en Europe. Avec Jean-Michel Aulas (président de l’Olympique Lyonnais) comme meneur sur le plan national alors que c’est plutôt Javier Tebas (président de la Liga) à l’étranger. Beaucoup de « spécialistes » ont aussi regretté le manque de suspense en Ligue 1 avec dans le même temps un club qui ne fait pas briller la France en Europe. Un argument qui s’entend.
Cependant, il ne faudrait pas oublier que des investisseurs sont venus en Ligue 1 en suivant le PSG et que le club parisien est en grande partie responsable de l’énorme montée des droits TV à partir de 2020. On ne peut être sûr de rien, mais il est facilement pensable que le championnat français ne se serait pas mieux développé sans Paris.
Le PSG a nettement avancé sur le marketing, il faut faire en sorte que le sportif suive.
Maintenant, cela n’empêche pas qu’il faudrait que le club de la capitale avance significativement. Ce qui passe par de longs parcours en Ligue des Champions. Ce serait pour la Ligue 1 et c’est essentiel pour le PSG. Le Qatar ne partira probablement pas avant 2022 de toute façon, mais il serait préférable de progresser tout de même. De quoi continuer à être le « navire amiral », mais aussi pouvoir s’installer dans les sommets européens sans que le Qatar ait une grande dépense à faire chaque année. Cela doit venir avec le développement des revenus.
Ce que Nasser Al-Khelaïfi a très bien avec une avancée considérable au niveau de l’image. Que ce soit sur le merchandising, la billetterie ou les sponsors, le PSG a fait d’énormes progrès. Sauf qu’il faut que le sportif suive pour que cela continue. Et là, son bilan est bien moins réjouissant. Visiblement, cela ne va pas amener son remplaçant. Ce n’est pas forcément grave, tant qu’il sait se remettre en question et progresse avec les échecs. Il est temps pour la direction parisienne d’afficher une vraie force, de placer un « cadre » à ses joueurs et de mettre le coach dans les meilleures dispositions (avec le mercato aussi, évidemment).