Autour du PSG
Ménès « Les anti-Parisiens diront que l’argent du Qatar détruit l’intérêt des compétitions hexagonales »
Par l’intermédiaire de son blog, le journaliste sportif de Canal+ Pierre Ménès est revenu sur la finale de Coupe de France entre le Paris Saint-Germain et l’Olympique de Marseille, remporté par les Parisiens 4-2.
« C’était donc une finale sans surprise. Sans surprise parce que, au moins en première période, l’OM a su hisser son niveau de jeu comme jamais et tenir tête à l’ogre. Avec une tactique payante mais dont on a vu après le repos qu’elle s’est avérée suicidaire. Sans surprise aussi parce que le PSG l’a remportée somme toute assez tranquillement. Ce qui est en même temps d’une logique implacable vu l’écart de niveau entre les deux clubs.
Cela avait commencé de la pire des façons pour les Olympiens puisqu’au bout de deux minutes de jeu, l’extérieur du pied gauche de Di Maria avait trouvé Matuidi au premier poteau. On pouvait alors craindre le pire, mais l’OM a réussi à prendre un peu le jeu à son compte et surtout à harceler le milieu parisien, qui était évidemment moins dominateur que d’habitude sans Verratti ni Motta. Diarra avait alors pas mal de solutions dans l’axe pour organiser le jeu et les Marseillais arrivaient assez facilement jusqu’au 35 mètres parisiens. (…)
Comme on a pu le voir plusieurs fois depuis la venue de Laurent Blanc et la mise en place de son jeu, l’adversaire du PSG a semblé lui tenir tête pendant une mi-temps. Il y a même presque de la domination de temps en temps de la part des Marseillais. Mais ils y ont mis toute leur énergie.
C’est ce qu’il faut pour suivre les passes parisiennes et empêcher les joueurs du PSG de trouver l’espace pour marquer. Et ce dernier n’est pas très grand. Alors il ne faut pas se relâcher ni arrêter de courir au maximum. Seulement, cela demande beaucoup d’efforts.
Sans oublier qu’il faut aussi tout donner offensivement afin de pouvoir gêner une très belle défense. C’est ainsi que l’OM arrive avec le 1-1 à la mi-temps face à un PSG qui gère et fatigue son adversaire. Puis les Parisiens ont accéléré les Olympiens n’avaient plus ce qu’il fallait pour suivre. On le voit d’ailleurs à des fautes grossières, dont le penalty sifflé sur Matuidi.
On remarquera aussi qu’il y avait penalty de Mandanda sur Ibrahimovic en fin de match. Mais bon, lorsque les fautes d’arbitrage sont en faveur du PSG, on hurle que le Qatar achète la France entière, et quand c’est en leur défaveur, c’est à peine mentionné par les Stradivarius de France Télé. (…) Pour le coup, la faute de N’Koulou était aussi flagrante qu’inutile et a permis à Ibrahimovic de donner l’avantage au PSG.
Derrière, c’est toujours un peu la même problématique quand on n’a pas une équipe de haut niveau : gêner le PSG pendant une mi-temps avec un pressing de tous les instants, ça fonctionne. Mais un moment donné, physiquement la facture arrive très vite et ça ne tient plus. L’écart entre la défense et le milieu marseillais s’est creusé à la suite de ce penalty qui a vraiment scié les jambes phocéennes. Et la sanction est vite tombée.
Forcément, dès que l’arbitre fait une erreur un peu en faveur du PSG, c’est scandaleux. Quand c’est dans l’autre sens, ce n’est pas grave, cela rééquilibre les chances. Cette inégalité dans les commentaires est agaçante, mais cela n’empêche pas le PSG de gagner et c’est le plus important. Et après ce penalty, Paris a déroulé.
Ibrahimovic a offert un but à Cavani, avant de signer un doublé pour son match d’adieu. Le géant suédois continue à se faire cracher à la figure par pas mal de gens, mais a donc terminé sa carrière parisienne sur un doublé et une passe décisive. Mais j’oubliais, ce n’était qu’une équipe de Ligue 1 en face, donc ça ne compte pas. Eh bien on verra si quelqu’un l’année prochaine va marquer 50 bus et délivrer 20 passes décisives avec le PSG, même dans les compétitions hexagonales…
Ce qui est surprenant dans le cas Ibrahimovic, c’est que les observateurs sont nombreux pour dire qu’en France, ce qu’il fait n’est pas si difficile. Mais il est pourtant bien seul avec ses statistiques. Il faudrait peut-être alors se rendre compte qu’il y a quelque chose d’exceptionnel dans ce qu’il a réussi en 4 ans au PSG. De même pour le club de la capitale dans son ensemble.
(…) Alors effectivement, il ne reste plus rien pour les autres. Les anti-Parisiens diront que l’argent du Qatar détruit l’intérêt des compétitions hexagonales. En oubliant que de l’autre côté de la Manche, Leicester est devenu champion avec un budget cinq ou six fois inférieurs aux grands d’Angleterre. Alors pourquoi ce ne serait pas possible en France ? Ne serait-ce que sur une Coupe ? Les supporters du PSG, eux, diront que leurs joueurs sont extraordinaires de professionnalisme. Et puis les observateurs neutres constateront que ce club ne galvaude rien.
Alors la saison prochaine, on ne reparlera évidemment que de la Ligue des Champions puisque tout le reste n’est qu’accessoire. Mais peut-être que Paris devra faire des choix et bazarder la Coupe de la Ligue, par exemple. En envoyant la Youth League au premier tour pour l’aguerrir et alléger leur calendrier. Parce qu’on se rend compte que, si Paris était allé plus loin en Ligue des Champions, son calendrier aurait été vraiment infernal. Mais en attendant, sur un match de Coupe, le PSG devrait quand même être plus inquiété que ça par des adversaires qui ne font souvent que s’apitoyer sur la différence de budget. »
Quand Paris gagne, c’est « normal » puisque l’argent leur donne l’avantage. Quand les Parisiens perdent, ils ont manqué d’envie et l’adversaire a été génial. C’est un refrain fatiguant, mais terriblement simple. Alors les « spécialistes » ne lâchent pas. Mais si les adversaires jouaient un peu plus face au PSG plutôt que d’attendre dans leur camp, peut-être arriveraient-ils un peu plus à les gêner. Certes, il y a le risque de se fatiguer. Mais il y a un compromis entre pressing très intense et défense à 11 dans son camp.
Toujours est-il que le classement n’est pas fait qu’en fonction du budget. Et même si le PSG a bien sûr un avantage, être capable de gagner toutes les compétitions sur le plan national reste quelque chose d’extraordinaire (il suffit d’une mauvaise soirée en coupe pour perdre, quelque soit le budget).
Et plutôt que de s’avouer vaincus face à l’argent, il faudrait surtout que les clubs de Ligue 1 aient plus d’ambition, car il y a des dirigeants qui ont aussi des moyens (Marseille et Rennes par exemple, sont loin d’être pauvres), et ceux-ci pourraient être mieux utiliser.
Aussi, il serait temps d’arrêter de vendre les meilleurs joueurs simplement parce qu’il y a une belle offre, sur le long terme on se retrouve avec des effectifs moyens. Difficile d’intéresser les spectateurs et les joueurs, ainsi que de gagner des titres et bien figurer en Europe de cette manière. C’est pourtant une clé pour avoir des revenus et progresser.