Autour du PSG
Galtier défend son passage au PSG « une saison très particulière. »
Christophe Galtier, ancien entraîneur de l’AS Saint-Etienne (2009-2017), Lille (2017-2021), Nice (2021-2022) et du Paris Saint-Germain (2022-2023) aujourd’hui à Al-Duhail, s’est confié longuement à L’Equipe dans un entretien publié ce matin. L’occasion notamment de revenir sur son passage très critiqué au PSG. Il a souligné qu’il a rencontré des difficultés particulières et qu’il y a du positif dans son année parisienne.
Galtier « Je ne conteste pas le jugement de cette saison, mais les analyses. »
« Que retenez-vous de votre passage au Paris-SG ?
On a gagné le Trophée des champions et le titre de champion de France. Ce fut un réel plaisir d’entraîner ce groupe, ces joueurs et de côtoyer au quotidien le président Nasser et tous les gens dans ce club auquel ils sont dévoués vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Évidemment qu’à partir de mi-avril, les choses furent beaucoup moins agréables, avec le début de l’affaire. Quoique les gens puissent en penser, ce fut une saison très particulière.
À cause de la Coupe du monde avancée pour la première fois en milieu de saison ?
Oui. Jamais, des joueurs n’auront autant joué en si peu de temps, en Europe. Après un parcours quasi parfait, patatras ! Treize ou quatorze joueurs du Paris-SG ont participé à la Coupe du monde. Il n’y a pas eu de cassure dans l’équipe. Il a fallu surtout la digérer.
Elle a généré de la fatigue, physique et mentale, des blessures – et des importantes, comme la cheville de Neymar, la perte de « Kim » (Presnel Kimpembe) ou celle des Portugais -, de la frustration pour certains, de la tristesse pour d’autres. Je savais que ce serait compliqué. Mais pas à ce point-là. Je ne conteste pas le jugement de cette saison, mais les analyses.(…)
Après, sur la double confrontation en huitièmes de finale face au Bayern Munich (0-1, 0-2), je ne disposais pas d’un effectif au complet. Loin de là. On a été malheureux, dans cette compétition.
Galtier « ils sont beaucoup plus performants, dans une équipe qui paraît plus équilibrée. »
Avec le recul, qu’auriez-vous pu, dû changer ou faire ?
Le problème, c’était la fraîcheur. Comment en avoir ? Grâce aux fameuses rotations. Je suis très heureux de ce qui arrive actuellement aux joueurs, au club, au président et à l’entraîneur, Luis Enrique. Comment vais-je dire ça, sans passer pour prétentieux ? Si on compare avec la saison précédente, le Paris-SG comptait deux points de plus à la 31e journée et Lens a fini à fond. On n’avait donc pas de marge, en Ligue 1. De plus, certains joueurs n’avaient pas le rendement qu’ils ont, aujourd’hui.
Vous pensez notamment à Vitinha ?
Il avait réalisé un très bon début de saison et il a souffert, après la Coupe du monde. Fabian Ruiz a connu des problèmes physiques, en arrivant. Aujourd’hui, ils sont beaucoup plus performants, dans une équipe qui paraît plus équilibrée.
Galtier « Ils étaient très performants, dans le jeu et dans l’investissement »
La vôtre ne pouvait pas l’être en raison de la présence de Lionel Messi, Kylian Mbappé et Neymar ?
Les trois devaient être associés et jouer ensemble. C’était mon obsession. Je pense qu’on ne reverra plus jamais ça, en France. Ils étaient très performants, dans le jeu et dans l’investissement, mais on a perdu Neymar(en février). Cela aussi, tout le monde l’a oublié.
Bien sûr, tout n’a pas été raté ou facile dans la saison de Galtier au PSG. On peut comprendre que la Coupe du Monde ait amené des difficultés spéciales. Surtout qu’elle a cassé une relativement bonne dynamique parisienne. Sauf que cette coupure n’a complètement chamboulé ce que l’on pouvait déjà observer.
Il y a bien eu un début de saison un peu magique avec un trio offensif particulièrement en forme. Mais les premiers signes de soucis collectifs sont arrivés avant le Mondial. Les résultats en Ligue 1 ont continué à être bons, avec des individualités qui ont compensé les failles collectives. On a vu en Ligue des Champions, un autre niveau même si Galtier souligne lui-même dans une autre partie de l’interview que le groupe n’était pas particulièrement relevé, que Paris avait plus de mal à gagner.
Contre le Bayern Munich, les limites ont été flagrantes. Mbappé sur le banc à l’aller car il était diminué, Galtier a lui-même affirmé que c’était son plan de jeu offensif qui était sur le côté. C’est inaudible pour un entraîneur, encore plus dans un tel club. On le voit dans les propos ci-dessus, il a tout misé sur Neymar, Messi et Mbappé. Quitte à ne pas avoir d’équilibre, à mettre d’autres joueurs en difficulté et à ne visiblement pas préparer autre chose.
Galtier a raté son passage au PSG. Il y avait des circonstances particulières, certes. Mais c’était aussi à lui de se préparer, possiblement en mettant plus de rotation avant pour mettre des joueurs en confiance. Et en utiliser davantage ensuite pour garder la fameuse fraîcheur qu’il évoque comme un point impossible à obtenir. Il aurait aussi pu piquer un peu ses stars pour les inclure dans le collectif, qu’elles jouent toutes pour l’équipe. Mais on voit ici encore qu’il les place au-dessus de tout.