
Autour du PSG
Blaise Matuidi et le PSG : stop ou encore ?
Si depuis la signature de Thomas Meunier (arrière droit, 24 ans) le mercato du Paris Saint Germain semble au point mort dans le sens des arrivées, le nom de Blaise Matuidi (milieu, 29 ans) revient avec insistance dans les gazettes sportives comme un possible candidat au départ. On prête en effet à José Mourinho l’envie d’associer Paul Pogba et le Parisien dans l’entre-jeu des Reds Devils ou d’être son deuxième choix en cas d’échec dans les négociations avec la Juventus. Carlo Ancelotti fraîchement nommé à la tête du Bayern Munich songerait également à proposer à son ancien joueur une nouvelle aventure commune en Bavière.
Entendons nous bien, le PSG n’a pas montré jusque-là une réelle volonté de vendre son milieu de terrain et malgré les rumeurs de départs Matuidi pourrait tout aussi bien rester dans la capitale française. L’international tricolore dispose de nombreux atouts. Il l’est le seul joueur français indiscutable dans le XI de départ, banlieusard et supporter du PSG depuis son enfance, il est très apprécié des supporters et affiche constamment son attachement au club de la capitale.

Matuidi a mis des buts importants avec le PSG, dont celui au Vélodrome
Personne n’a oublié cette frappe lumineuse (du pied droit qui plus est) un soir d’avril 2015 réduisant au silence un Vélodrome pourtant bouillonnant et qui croyait enfin voir une victoire de ses protégés sur son riva parisien, ni même l’attitude chambreuse de Matuidi envers le public marseillais pour célébrer le but de Di Maria en février 2016, qui était synonyme de victoire.
Avec 5 buts et 9 passes décisives, Blaise Matuidi a même réalisée sa meilleure saison sur le plan des statistiques offensives. Enfin, même parmi les détracteurs de Matuidi qui lui reprochent un manque de technicité aucun n’oserait remettre en cause son abnégation, sa combativité ou sa volonté de toujours jouer tous ses matchs à plein régime. Le PSG n’ayant pas besoin d’argent et n’étant pas un club vendeur, il n’a aucune obligation de mettre son milieu sur le marché.
Cependant les circonstances pourraient pousser à la fois le joueur, son agent et le PSG à envisager un départ qui pourrait profiter aux trois parties.
D’abord l’arrivée d’un nouveau coach va rabattre les cartes et Matuidi, titulaire indiscutable sous l’ère Laurent Blanc, pourrait voir son statut remis en cause. Unai Emery a prévenu : il fera jouer la concurrence et tout le monde repart à zéro. Le schéma tactique pourrait aussi être fatal au natif de Toulouse. Le technicien basque a une préférence pour le 4-2-3-1. Et pour les 2 postes de récupérateurs le moins que l’on puisse dire c’est qu’il y a embouteillage : Krychowiak, Matuidi, Motta, Rabiot, Stambouli et Verratti. Si seul le dernier peut prétendre au statut de titulaire indiscutable, le premier est un homme de confiance du nouveau coach et vient d’être recruté pour un montant avoisinant les 30M€.
Difficile d’imaginer le Polonais tâter du banc au coup d’envoi de la saison. Adrien Rabiot fait quand à lui partie des espoirs sur lesquels le club parisien compte, son style porté vers l’avant fait de lui le remplaçant naturel de Marco Verratti. De plus maman (son agent) Rabiot surveille avec attention son temps de jeu et si Emery veut s’éviter un premier problème de gestion d’effectif il a plutôt intérêt à compter sur le jeune français. Or difficile d’envisager Blaise Matuidi redescendre à la 4e place dans la hiérarchie parisienne voire 5e car il faut encore compter sur le vétéran Thiago Motta.
En revanche, imaginer que Thiago Motta, rattrapé par le poids des années et auteur d’une saison en demi-teinte, se retrouve en début de saison remplaçant de Krychowiak peut se concevoir sportivement. De plus si l’Italien commence à peiner physiquement il n’en n’a pas pour autant perdu ses autres qualités comme ses passes lasers que l’on a pu apprécier à Stamford Bridge où sa vision du jeu lui permet d’être à l’origine des deux buts parisiens ou encore avec l’Italie face à l’Espagne où son entrée coïncide avec le but du break en faveur de la Squadra Azzura. Et ses qualités s’exprimeraient peut être justement mieux en disputant moins de matchs que les saisons passées, ou du moins avec moins de minutes par participation.

S’il s’agit de peu jouer, Stambouli sera plus adéquat
A l’inverse un Matuidi monte en général en puissance au fur et à mesure de la saison et des matchs joués. En conclusion un joueur au profil de Matuidi s’exprime mieux en étant titulaire indiscutable que remplaçant. Matuidi ne peut pas non plus remplir le rôle délicat confié à Benjamin Stambouli. De tous les milieux de terrains du PSG, l’ancien montpelliérain est celui qui a le moins d’exigence en termes de temps de jeu. En signant au PSG il savait qu’il arrivait avec le rôle du (en exagérant un peu) « porteur d’eau », titulaire seulement lors des matchs de coupe nationale ou lors des matchs de championnat précédant une rencontre de Ligue des Champions. Lui seul peut s’accommoder de ce rôle au moins encore une saison.
Et ce type de joueur est utile dans un effectif. Un vestiaire sain ne peut pas être constitué uniquement de « Galactiques », il faut aussi des joueurs de l’ombre. Par ailleurs la valeur marchande de Benjamin Stambouli est peu élevée et le PSG perdrait de l’argent en le vendant cet été. En revanche celle de Matuidi est au plus haut…
Il n’est pas exclu néanmoins que Emery conserve, au moins par séquence le 4-3-3. Dans ce schéma, conserver les 6 milieux défensifs aurait plus de sens. Mais si ce n’est le schéma ce pourrait être l’animation qui pénaliserait alors Matuidi. L’ex coach sévillan aime le mouvement, la vitesse, il privilégie le jeu par les ailes et si Matudi est capable de se projeter vers l’avant il n’a pas exactement la qualité de centre d’un David Beckham.

Matuidi sort d’une saison difficile avec le PSG, mais d’un bon Euro avec la France. Un « bon » moment pour le vendre.
Pour aller plus loin, si on étudie sa saison 2015/16 en détail on remarque que, statistiques à l’appui, Matuidi vient de réaliser sa plus mauvaise saison au PSG en dépit de ses 9 passes décisives. Whoscored révèle en effet que sur les matchs de L1 et C1 cumulés Matudi affiche son plus bas total d’interceptions réussies depuis qu’il est au club, que son pourcentage de passes réussies est en baisse, ses contrôles manqués au plus haut ainsi que ses ballons perdus sous le pressing adverse. Matuidi est aussi en recul sur son nombre de kilomètres parcouru ou encore son nombre de frappes tentées par match.
Pour ces différentes raisons, Blaise Matuidi pourrait voir sa place en danger or le numéro 14 parisien a un statut à défendre en club mais aussi en sélection, il ne peut se permettre à 29 ans de devenir un simple joueur de rotation, voire un remplaçant. Et dans ce cas là même le PSG aurait intérêt à se séparer de son milieu. A deux ans de la fin de son contrat Paris doit en effet prendre une décision. Soit vendre, soit prolonger son joueur.
Si rien n’est fait, dans un an Matuidi pourrait partir pour une bouchée de pain, voire signer librement en janvier 2018 ou bien l’habile Mino Raiola, alors en position de force, pourrait profiter de cette situation pour venir demander une rallonge conséquente au PSG. Aujourd’hui dans d’éventuelles négociations avec un club intéressé Paris peut surfer sur l’importance de son milieu dans un club qui s’est installé dans le Top 8 européen et son rôle au sein de la sélection nationale fraîchement finaliste du championnat d’Europe. Cela a un prix. Un prix qui serait très sensiblement revu à la baisse si Matudi jouait moins en 2016/17 et qu’il ne lui restait plus que un an de contrat.
Enfin il ne faut pas minimiser le poids (sans mauvais jeu de mots) de Mino Raiola dans ce dossier. Le célèbre agent aime, comme il l’affirme lui-même, être l’instigateur du mercato de ses joueurs. Relais privilégié de Leonardo au début de l’ère QSI, il a perdu en influence depuis le départ du Brésilien. Or cet été il a trouvé un nouveau club à Zlatan Ibrahimovich et Van der Wiel et il a permis à Maxwell de signer un nouveau contrat. Hormis le jeune Georgen qui n’a pas encore la même valeur, il ne lui reste plus qu’à s’occuper du cas Matuidi.
Son client a déjà obtenu une augmentation il y a deux ans, difficile donc d’espérer en négocier une nouvelle cet été. Raiola voit peut-être dans l’entrée en vigueur des nouveaux droits TV en Premier League une opportunité de gagner de l’argent pour son joueur et lui-même. Certains prêtent même à l’agent d’avoir inventé et de faire circuler une rumeur disant que Matuidi ne rentrait pas dans les plans d’Unai Emery.
Avec l’arrivée de 3 prestigieux techniciens Mourinho, Guardiola et Conte respectivement à United, City et Chelsea, le marché sera animé cet été Outre-Manche. Or, Blaise Matuidi ne s’en est jamais caché une aventure à l’étranger pourrait l’intéresser un jour. Comme l’a expliqué le Président Nasser Al-Khelaïfi, le PSG débute un nouveau cycle et Matuidi est peut-être arrivé au bout du sien avec le PSG.
