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Alonzo évoque Donnarumma et craint que l’absence de hiérarchie complique les plans du PSG
Jérôme Alonzo, ancien gardien du Paris Saint-Germain (2001/2008), s’est exprimé dans le journal L’Équipe, sur la concurrence à venir entre Gianluigi Donnarumma, et Keylor Navas, gardien de 22 et 34 ans. Pour Alonzo, le plus important est de définir une hiérarchie. Sans elle, cela risque d’être compliqué pour le PSG. De plus, il parle du rôle social qu’ont les gardiens dans un vestiaire et évoque même la proximité des cadres avec Navas et en particulier le nouvel arrivant, Sergio Ramos, défenseur de 35 ans.
Alonzo « Ramos est un ami proche de Navas, les cadres du PSG aussi… »
« Navas va commencer la saison, j’en suis quasi certain, et l’ironie de l’histoire est qu’on va peut-être avoir le héros de l’équipe championne d’Europe sur le banc en septembre. Et le pire, c’est qu’on ne va parler que de Donnarumma jusqu’à son arrivée à Paris. Ramos est un ami proche de Navas, les cadres du PSG aussi… Ce n’est pas facile. Navas a permis au PSG d’atteindre un niveau que le club n’avait jamais atteint, c’est factuel. Et Donnarumma, s’il n’y a pas de boulette de Navas, va attaquer la Ligue des champions sur le banc de touche… »
Alonzo a raison, l’idée de voir le gardien champion d’Europe, mufti décisif sur les séances de penalty et meilleur joueur du tournoi (Euro), rester sur le banc de touche est une idée difficilement soutenable dans la plupart des clubs. Mais face à lui, il a le monstre Navas, le taulier de la saison dernière au PSG, l’homme qui a changé le visage d’un club moribond à ce poste-là depuis de nombreuses années. Mais dans le football, il n’y a pas d’affect de la part des dirigeants, il n’y a que des opportunités. Si Navas venait à partir de les supporters seraient déçus et peut-être même plus mais la vie du club continuerait avec l’un des meilleur gardien du monde qui n’a que 22 ans.
Alonzo « C’est même le fond du problème : il est très compliqué d’avoir deux numéros 1«
« Cela pose problème ?
C’est même le fond du problème : il est très compliqué d’avoir deux numéros 1. Dans une équipe, si tu as deux n° 6 très forts, ils peuvent jouer ensemble. Le côté pervers, c’est que quand tu es un numéro 1 bis sur le banc, la solution pour que tu joues est que l’autre fasse une connerie. Et donc même sans la souhaiter, la connerie du copain ne va pas te rendre malheureux… On t’impose cette émotion-là. J’ai vécu ça lors de la dernière saison de Lionel Letizi au PSG. Mais ce côté pervers était moins présent car on était très proches et on savait en rire. »
C’est intéressant ce que raconte Alonzo. Le côté solitaire du gardien, le fait d’être le dernier rempart, donc celui qui est en ligne de mire en cas de boulette sont autant d’émotions qu’un joueur de champ ne pourrait pas comprendre. Quand il y a de concurrence, il y a aussi l’aspect que l’erreur de l’autre peut te permettre de jouer et il n’est jamais bon de souhaiter l’échec d’un équipier et de surcroit de son équipe. Alonzo ne veut pas que ça se produise à Paris, mais cela semble inéluctable si la hiérarchie n’est pas clairement posée.
On pourrait presque dire que c’est un scénario triste que vit le PSG. Navas a fait grandir le PSG ces deux dernières saisons et on lui met un jeu extrêmement talentueux dans les pattes. C’est la cruauté du football et la dure loi de ce sport. Espérons que les deux joueurs réussissent à s’entendre pour une alliance de circonstance pour que la passation entre les deux soit la plus humaine possible.
Alonzo « On a un rôle social, il faut bien comprendre ça«
« La meilleure solution ?
Dire clairement la hiérarchie. On est un poste à part. On a un affect à part, c’est très important. On a aussi une place à part dans le vestiaire et une place à part auprès des joueurs. On a un rôle social, il faut bien comprendre ça. Je ne prétends pas détenir la vérité, mais mon expérience m’a montré que la mise en concurrence de deux gardiens ne marche que très rarement. »
Voir Navas finir sa carrière au PSG sur une boulette serait dramatique. Mais Mauricio Pochettino ne semble pas être ce genre d’entraîneur. Il sait ce que le club doit à Navas, mais il sait aussi que l’avenir est important. Il a les qualités pour permettre une cohabitation, mais comme le dit Alonzo, plus la hiérarchie sera claire au mieux les gardiens seront performants. Le numéro 1 du PSG n’a pas encore fini son travail à Paris, il transmet son savoir et son énergie. Il a été la lumière la saison dernière quand tout était sombre. Il a encore une longueur d’avance à ce titre-là. Derrière, ça va pousser plus fort, mais Donnarumma est intelligent, il sait qu’il prendra le poste. Mais s’il veut aussi avoir le vestiaire avec lui, il devra se tenir loin d’un conflit potentiel avec Navas.