Autour du PSG
Edito – Navas/Donnarumma, destins croisés
Le Paris Saint-Germain vit une fin de saison compliquée, l’élimination 8e de finale de la Ligue des Champions, la défaite en Coupe de France et le sacre quasi-assuré en Ligue 1, tout semble joué. Mais il reste des interrogations. Gianluigi Donnarumma, gardien de 23 ans et Keylor Navas, 35 ans ont cohabité. Pour le meilleur et pour le pire, car ce schéma a sans doute atteint sa limite. Mais lequel des deux faut-il garder ? Qui a réalisé la meilleure saison ? Il est l’heure du bilan et de se projeter sur la saison prochaine.
Profil des deux gardiens.
Navas – 1m85.
Keylor Navas est certainement l’une des meilleures recrues de ces 10 dernières années. Il a sauvé le PSG bon nombre de fois les deux dernières saisons. Il a vu Gianluigi Donnarumma arrivé l’été dernier, comme concurrent, mais surtout comme une opportunité impossible à rater pour l’avenir. Navas possède de nombreuses qualités. Il est fort sur sa ligne que ce soit après des frappes de loin ou des frappes de près. C’est un joueur incroyable doté d’une grande concentration et d’un grand professionnalisme.
C’est un leader. Mais il possède aussi certaines limites. Il a du mal sur les centres, dans le jeu aérien. Son jeu au pied est perfectible et il n’est pas vraiment ce que l’on peut appeler, un gardien-libéro, capable de compenser dans la profondeur. Il joue souvent bas, près de son but, rendant les interceptions à distance de sa surface de réparation très difficiles.
Donnarumma – 1m96.
Gianluigi Donnarumma est un monstre physique. Il fait 11 centimètres de plus que Navas, cela peut compter. Donnarumma a réalisé une excellente saison. Souriant, leader, il s’est très bien intégré même si l’image qui reste pour beaucoup est celle de son »erreur »/ »faute » contre le Real Madrid, face à Karim Benzema. Donnarumma est un gardien avec une énorme envergure qui lui donne souvent l’avantage dans les 1 contre 1. Il sait être performant sur les frappes courtes et longues.
Il est un gardien très régulier, meilleur que Navas dans les airs et doté d’un jeu au pied un peu au-dessus de son coéquipier. Il joue plus haut sur le terrain, correspondant plus à une équipe qui désire jouer plus haut, il participe plus au jeu que Navas. Donnarumma a aussi des failles qu’il doit pouvoir corriger. Il prend plus de risques à la relance, cela peut compter négativement comme positivement. Il est un peu en dessous de Navas sur sa ligne même si cela dépend beaucoup des circonstances de match. Il est aussi moins concentré que le Costaricien.
Entre les deux, il est difficile de vraiment dénigrer l’un au profit de l’autre. Leurs différences sont davantage liées à la façon de jouer de l’équipe.
Que peut-on tirer des statistiques de la saison ?
Le match entre les deux a beaucoup alimenté les pages des journaux et les plateaux radio et TV. Il ne pouvait en être autrement. Mauricio Pochettino a choisi de ne pas choisir entre les deux. Cette méthode, décriée par de nombreuses personnalités, a eu du bon, mais a aussi montré sa limite.
Navas a plus joué que Donnarumma, mais globalement l’équilibre entre les deux est respecté. Navas a plus joué et encaissé plus de buts. Si l’on ramène au ratio but pris par minute jouée, Navas a encaissé 1 but toutes les 93 minutes, Donnarumma, a pris 1 but toutes les 100 minutes. Les deux en sont à 8 clean sheets chacun ce qui montre pour une première donnée que c’est serré mais tout de même à l’avantage de l’Italien.
En Ligue 1.
En Ligue 1, Donnarumma a moins joué, 5 matchs de moins que Navas. Au niveau des buts encaissés, Navas et Donnarumma prennent un peu moins d’un but par match (un but tous les 1.1 match). Là où la donnée est intéressante, c’est sur le nombre d’arrêts cette saison en Ligue 1 :
- 69 tirs cadrés reçus par Navas pour 55 arrêts (79.7 % de réussite)
- 46 tirs cadrés reçus par Donnarumma pour 35 arrêts (78.3 % de réussite)
- On constate un léger avantage pour Navas. Même si globalement, on reste dans les mêmes proportions peu ou prou.
En Ligue des Champions.
Les choses sont inversées en Ligue des Champions. En préambule, notons que Navas a moins joué en Ligue des Champions que Donnarumma. Alors est-ce une première donnée qui permet de dire que l’un était plus prévu pour la Ligue 1 et l’autre pour la Ligue des Champions ? Il ne semble pas que cela soit le cas. Jusqu’aux poules, les deux étaient à 3 matchs chacun. C’est la double confrontation contre le Real Madrid qui fait la différence. L’Italien a donc été choisir pour les deux matchs les plus décisifs. N’en déplaise à Pochettino qui se défendait d’avoir choisi, il semble que les choses soient claires.
Sur les données, elles sont intéressantes. Donnarumma encaissé 6 buts en 5 matchs contre 5 buts encaissés en 3 matchs pour Navas. Un premier avantage pour Donnarumma est à noter et ce malgré le match délirant contre Madrid qui lui a valu à lui tout seul, 3 buts. Mais ce match compte, on le verra plus bas.
- Donnarumma : 23 tirs cadrés reçus – 18 arrêts (78.3 % de réussite)
- Navas : 16 tirs cadrés reçus – 11 arrêts (68.8 % de réussite)
- Là, Donnarumma se démarque en restant régulier par rapport à ses statistiques en Ligue 1. Navas, a fait dégringoler son quota de presque 15 % entre le championnat et la Coupe d’Europe.
Erreur de Donnarumma contre Madrid / Navas moins souverain ? Attention aux raccourcis.
Il y a beaucoup de choses qui sont dites sur la gestion de Pochettino avec ses gardiens. L’interprétation est de partout et pas toujours très juste. Sur l’ensemble de la saison, la gestion a été assez bonne. Mais on sait que pour les deux gardiens la situation est pesante. Navas a moins joué, il a été un peu mis de côté et il semble logique qu’il n’ait pas pu montrer autant de sérénité que les années précédentes.
En face de lui, le meilleur gardien du dernier Euro. Si jusqu’au match retour contre le Real Madrid, tout le monde s’accordait à dire que l’Italien avait peu de failles et que sa saison était excellente, le match contre Madrid a remis le couvert pour les médias, expliquant que tout le monde avait prévenu, que l’absence de hiérarchie allait mettre le bazar. Pour cela, ils ont pris la pseudo-erreur de Donnarumma comme explication. Mais on ne peut pas réduire sa saison à ce simple fait.
Donnarumma a fait une erreur. Pour certains, c’est de ne pas avoir dégagé le ballon en touche et d’avoir voulu jouer court et précis. Pour d’autres, il a commis l’erreur de ne pas tomber sur la charge de Benzema contre lui. Alors qu’en est-il ? C’est à la fois un peu des deux. Il aurait dû prendre moins de risques, sachant que dans le football, tout peut arriver, surtout que l’équipe se montrait de plus en plus fébrile à ce moment-là.
Mais s’il était tombé sur la charge de Benzema, l’arbitre aurait sifflé faute, puis on en parlait plus. Le football se joue sur la lucidité. Il ne l’a pas été une fraction de seconde et ça lui coûte beaucoup, même une énorme remise en cause de la part de certains.
Navas n’a pas joué contre le Real Madrid, à l’aller et au retour. Une vraie défaite pour lui dans son match contre l’Italien. Mais pour autant, il a joué plus de matches en tout que son coéquipier. Pochettino a vraiment tenté l’alternance jusqu’au bout et ce fameux match contre Madrid. Navas aurait-il fait mieux que Donnarumma ? Cela reste du football fiction.
Les deux gardiens possèdent des statistiques à peu près similaires. Dans les faits, l’italien est peut-être un peu au-dessus, mais ce match contre Madrid vient le fragiliser.
Vers un départ de Navas ?
C’est le sens de l’histoire, même s’il n’a rien fait pour mériter cela. Il a donné au PSG plus que ce que l’on attendait de lui et il reste à ce jour l’un des meilleurs gardiens de l’histoire du club en deux saisons et demie. Mais à moins que le prochain entraîneur souhaite garder les deux ou mettre en place une nouvelle alternance (ce qui serait compliqué), Donnarumma sera bel et bien le prochain gardien du PSG, numéro 1. Navas va sûrement se chercher un nouveau projet. C’est une triste fin pour Keylor, apprécié de tous.
La perspective d’avoir Donnarumma comme numéro 1, pour de nombreuses années, pèse dans la balance. Au regard de la saison, l’avènement de Donnarumma est logique. Même s’il faut encore qu’il prenne de l’expérience. Il n’a disputé que 5 matchs de Ligue des Champions dans sa carrière, tous au PSG.
Conclusion.
Vous l’aurez compris, les dés ont sûrement été jetés avant même le début de la saison. Donnarumma représente l’avenir et la cruauté de cela pousse Navas loin de Paris. Le PSG va miser sur la jeunesse et partir avec son gardien italien. Navas a été gardé cette saison, comme une transition inéluctable avant l’avènement de « Gigio« .
N’y voyez pas une préférence, l’un comme l’autre sont de très bons gardiens. Apprécier l’un ne veut pas forcément dénigrer l’autre. La situation n’a pas été optimale pour les deux et on peut encore penser à Navas qui a vu un concurrent de ce niveau arriver juste après sa prolongation l’année dernière. Ce n’est pas particulièrement classe, mais Paris le dit, il est impossible de passer à côté de Donnarumma alors libre de tout contrat l’été dernier. Cela ne se refuse pas.
Si vous aviez le choix de garder #Donnarumma ou #Navas au #PSG, lequel choisiriez vous pour la saison prochaine ?
— Parisfans (@ParisFansfr) April 2, 2022