Autour du PSG
La question du lundi : Danilo Pereira est-il devenu indispensable au schéma de Pochettino ?
Chaque lundi, deux rédacteurs répondent à une question liée à l’actualité du Paris Saint-Germain. Cette fois, on se penche sur Danilo Pereira, milieu de 30 ans. Buteur contre St-Etienne, auteur d’une prestation solide malgré une grosse erreur, est-il devenu indispensable au schéma de jeu de Mauricio Pochettino ?
Arthur : Indispensable ? Non. Mais il prouve à chaque match qu’il fait partie du projet. Tout dépend du poste auquel il joue. En défense, il assure.
Il n’est pas le joueur le plus sexy de l’effectif. Peu à l’aise techniquement, il ne partait pas avec les faveurs de l’entraîneur. Mais son travail et son envie ont permis de redécouvrir ce joueur talentueux qui fait du bien à une équipe quand il est bien utilisé. Encore buteur, son jeu de tête est un vrai plus pour Paris.
Il y a Verratti et après ?
Sur les derniers matchs, Danilo devient plus qu’une alternative. La faute ? Des milieux parisiens qui peinent à trouver leur rythme de croisière. Je pense que la régularité du Portugais fait la différence. Il est là, il est polyvalent, il marque et fait du bien défensivement. Il gagne la plupart de ses duels et c’est une bonne chose dans cette équipe qui peine parfois à mettre de l’intensité. Il touche des ballons, ce qui montre qu’il est là. Il empêche l’adversaire par ses interceptions, ses contres. On l’a vu évoluer à plusieurs postes, avec plus ou moins de réussite.
Danilo la sentinelle
Non, en sentinelle, c’est peut-être là qu’il a le plus de mal dans cette équipe du PSG. Techniquement, il peine quand il doit passer vers l’avant.
Il n’a pas les qualités de Verratti ou Paredes et son erreur contre St-Etienne à ce poste, montre bien que c’est plus compliqué quand il n’a pas tout le jeu devant lui et qu’il doit se retourner. Il fait des passes simples, sans prises de risques, je l’attends plus haut ou plus bas, ces derniers matchs, il a montré qu’il pouvait le faire.
Danilo le relayeur
Je n’aurais pas pensé que Danilo en relayeur soit une option pour être honnête. Mais il a cette confiance qui lui permet à la fois d’être dur sur l’homme mais aussi fiable dans ce qu’il entreprend. Je mentirais si je disais qu’il me surprend, il fait du Danilo, il n’y a pas de magie, mais tout est propre généralement. Il n’en fait pas trop et sait ce qu’il doit faire et dose son apport avec brio et simplicité. En Ligue 1, on attend peut-être un joueur plus technique, mais dans cette version du PSG, il est l’un des rare à être constant. Avec les autres, on s’emballe et on déchante. Une équipe de football à besoin de certitudes.
Danilo le défenseur
C’est là que je le trouve meilleur. Il est face au jeu, permet à Marquinhos de faire plus de pressing et de monter pour aider au milieu. Il intercepte, contre et dégage les ballons. Son jeu de tête est très intéressant et coupe de nombreuses possibilités adverses. Il n’est pas le défenseur le plus beau à voir, mais son abnégation est réelle et cela permet d’équilibre cette équipe qui est souvent coupée en deux. En défense, que ce soit sur le côté comme à Madrid ou au centre comme contre St- Etienne, il est souvent impeccable, il donne des ballons simples à ceux qui ont plus de facilités que lui pendant qu’il fait son boulot en toute sobriété.
Quelle concurrence ?
En défense, Pochettino ne semble pas compter sur Diallo. On a vu que Kehrer a beaucoup de mal quand il doit suppléer Hakimi sur le côté et Sergio Ramos est abonné à l’infirmerie. Dans ce contexte difficile de ne pas voir Danilo sur le terrain. C’est un joueur d’équipe qui n’hésite pas à parler aux stars. Il a de l’impact. En sentinelle, Verratti et Paredes sont au-dessus de lui, c’est une certitude. Paris a joué contre St-Etienne sans les deux et cela s’est vu jusqu’à que Pochettino change son système à la mi-temps.
Au poste de relayeur, il y a de la concurrence. Mais aucun ne semble en mesure de contester la régularité de Danilo (hormis Verratti). Gueye est encore à la CAN est marque les esprits par son irrégularité. Intrinsèquement, il est au-dessus de Danilo, mais il ne le montre que par séquences. Herrera a disparu de la circulation et si on peut aisément comparer l’Espagnol avec Danilo dans le déchet technique et l’absence de prise de risque, le Portugais a un avantage certain : son impact physique. Enfin, il y a Wijnaldum… En relayeur, cela devrait être lui qui passe en priorité, mais il a énormément de mal depuis le début de la saison. Il manque de confiance et son physique ne lui permet pas non plus de faire de grosses différences balle au pied. Danilo a donc toutes ses chances dans le milieu actuel du PSG.
Il a le 9e temps de jeu du PSG cette saison, preuve qu’il est là et bien là. Il a joué 25 matchs, mis 5 buts et a montré contre le Real Madrid que sa titularisation n’était pas un choix par défaut. Il apporte de l’équilibre à ce PSG.
Nicolas : difficile de se passer de lui cette saison.
Danilo ne doit plus jouer en sentinelle.
Soyons honnêtes, Danilo n’est pas le meilleur milieu du monde, peu importe le poste. Cependant, dans un PSG déjà très tourné vers l’offensif et plein de joueurs créatifs, il fait le plus grand bien. Sans oublier sa force mentale, peut-être pas assez mise en avant en général. Le tout est de l’utiliser comme il le faut dans cet effectif. Le coach Mauricio Pochettino a l’air d’être sur la bonne voie.
En sentinelle, ce qui est à peu près son poste en général, il est très clairement en difficulté au PSG. Attention, cela ne veut pas dire que le Portugais ne peut plus occuper ce rôle. Mais il y a différentes façons de le faire et celle voulue par Paris ne lui convient pas. Assez simplement, Marco Verratti (29 ans) est lui brillant à cette place dans le jeu parisien. Il n’y a pas besoin d’heures d’analyses pour voir que ce sont des profils différents. Danilo n’excelle pas dans la mission de « faire le jeu », d’orienter, de sortir du pressing, de lancer les occasions.
Au PSG, l’ancien du FC Porto a plutôt tendance à ralentir le jeu quand il est dans ce rôle. Il n’ose pas les passes pour casser les lignes, ou n’arrive pas à les exécuter comme il faut pour que ce soir intéressant. Il récupère tout de même des ballons, mais cela ne suffit pas dans un Paris offensif.
Avec son travail et son sens de la couverture, il fait du bien au PSG.
On l’a vu contre l’AS Saint-Etienne, en l’absence de Verratti et Leandro Paredes (milieu de 27 ans), les autres sentinelles, il était plus intéressant de laisser Marquinhos (défenseur central de 27 ans) s’occuper de cette première relance. Pour cela, il a fallu placer Danilo à droite dans une défense à 3. Ce qui rappelait son rôle spécial dans le 4-3-3 face au Real Madrid, où il avait été à droite des milieux en phase défensive et restait plutôt en retrait en phase offensive pour couvrir la montée du latéral droit Achraf Hakimi (23 ans). Ce qui le rapprochait de ce rôle de 3e défenseur, sauf qu’il remontait une fois que Hakimi était revenu.
C’est là qu’il est difficile de faire sans Danilo pour le PSG cette saison. Il y a un jeu des latéraux qui montent, notamment un Hakimi qui est « gâché » s’il doit surtout faire attention. Avoir le Portugais pour le couvrir lui permet d’être plus libre.
La concurrence n’apporte pas plus de garanties, voire moins actuellement.
Idrissa Gueye (32 ans), Ander Herrera (32 ans) ou Georginio Wijnaldum (31 ans) peuvent peut-être aussi remplir ce rôle, mais on l’a moins vu. Notamment parce qu’ils ont moins l’habitude d’être au sein de la défense et de gérer ces duels, dans lesquels Danilo a été très bon récemment. Il impose aussi une certaine présence physique sur les centres, tout en pouvant mettre un impact intéressant lors du pressing. Là aussi, à part Gueye pour harceler ses adversaires, il semble avoir une avance.
Il n’est toujours pas le plus technique, mais il sait tout de même faire des passes, en restant dans l’efficacité. Pour les créations compliquées et le spectacle, il y a de toute façon bien assez de joueurs au PSG. C’est très bien d’avoir ce travailleur, un peu comme un Blaise Matuidi il y a quelques années, même si le profil est bien sûr un peu différent.
Une mentalité et des buts qui font du bien.
Sans oublier qu’il a affiché une certaine force mentale, un atout aussi important pour pousser dans les moments difficiles. Danilo a connu des moments très compliqués depuis son arrivée au PSG, mais il a su s’accrocher, ne pas se plaindre et travailler pour retrouver une place. Une abnégation très appréciable. On l’a aussi vu commettre une erreur samedi contre Saint-Etienne, ce qui est regrettable bien sûr, sauf qu’il a surtout su réagir.
Il s’était loupé en sentinelle et a été très bon ensuite en défenseur droit d’un système à 3 centraux. Et il a même marqué au bout d’une belle détente. C’était son 5e but cette saison en Ligue 1, ce qui en fait le 2e meilleur buteur du PSG en championnat. Un point en plus pour lui, puisqu’il ose et a de la réussite.
Il faudra avoir d’autres options à l’avenir, mais Danilo ne sera pas en trop.
Maintenant, évidemment, il ne s’agit pas non plus de bâtir un projet autour de lui. Mais il n’est pas en trop dans l’effectif et offres des solutions à l’entraîneur. Dans un renouvellement attendu cet été, il n’est certainement pas le premier joueur à pousser vers la sortie. Même si Paris doit aussi faire en sorte d’avoir d’autres options à l’avenir. Danilo doit être une pièce qui a de la place dans un groupe, mais ce serait bien d’avoir d’autres piliers plus complets.