Aulas « Quand Lyon dominait le Championnat, c’était avec ses propres moyens, pas avec l’argent d’un Etat »

Jean-Michel Aulas fait partie de ceux en France qui s’inquiètent de voir le projet du Paris Saint-Germain qui se développe. Le président de l’Olympique Lyonnais explique encore une fois, ici auprès de L’Equipe, pourquoi il est mécontent et quelles sont ses craintes. Il se défend aussi du fait d’être jaloux, reproche qui lui est fait car les écarts économiques en Ligue 1 le gênaient moins quand son club enchaînait les titres de champion de France.

« Economiquement, on est dans une situation de risque majeur. Car si les autres clubs français veulent exister, ils sont obligés de prendre des risques insensés par rapport à leurs capacités. Il y a une appropriation des droits de la Ligue des champions. Il y a une dérégulation totale. Des clubs comme Saint-Etienne, Bordeaux, Nice ou Lyon ont 90 chances sur 100 de ne pas participer à la Ligue des champions. Et quand on connaît l’impact de cette compétition…

Le système DNCG ne protège pas l’équilibre économique des clubs. Il valide, à partir du moment où il y a de l’argent, des choses qui sur le plan de l’éthique ou du conflit d’intérêt (beIN Sport, diffuseur du Championnat, et le PSG ayant, au final, le même actionnaire, selon lui) ne sont peut-être pas compatibles. Cela me fait peur pour les années à venir. Même Franck Mc Court (OM) ou Lopez (Lille) ne pourront pas lutter.

‘On est entré dans une guerre nucléaire’

Quand Lyon dominait le Championnat, c’était avec ses propres moyens, pas avec l’argent d’un Etat. Et il n’y avait pas des écarts aussi importants avec les autres. C’est de la mauvaise foi absolue de comparer les deux situations. Et aujourd’hui, je ne vais jamais aller mesurer mes biceps avec ceux de Tamin (l’émir du Qatar). Nasser a raison de faire ce qu’il fait, mais a-t-on raison de l’autoriser à faire ce qu’il fait, comme Manchester City ? On est entré dans une guerre nucléaire entre Abou Dabi (propriétaire du club mancunien) et le Qatar et peut-être demain avec l’Arabie saoudite. Et nous, on ne peut pas lutter. »

On peut bien concéder à Aulas qu’en effet, il n’y avait pas un grand investisseur étranger quand l’OL a dominé le championnat. Est-ce que c’est à cause de cela que le niveau est retombé ? Peut-être, car il était compliqué de résister aux offres des grands d’Europe. En tout cas, on peut tout de même noter qu’à ce moment là le président lyonnais n’évoquait pas l’idée de donner des sponsors, contrairement à ce qu’il a demandé récemment.

Ensuite pour ce qui est des revenus, Aulas oublie peut-être (ou met de côté pour avoir un discours qui plaît à ses fans) que les droits TV de la Ligue 1 relevés par le PSG et l’attrait qu’il représente. Ce qui va être amplifié avec Neymar, qui attire regards.

Quand aux revenus liés à la Ligue des Champions, ce n’est pas la force du PSG qui va empêcher les autres clubs français de se qualifier et d’aller loin. Ils avaient déjà beaucoup de mal avant la domination parisienne. Ce n’est pas de la faute du club parisien s’il y a peu de places qualificatives. C’est aux équipes qualifiées de faire un bon parcours s’ils veulent grandir.