Autour du PSG
Exclu – Algérino « Quand tout va bien, ce n’est pas le moment où on construit. C’est plutôt dans la difficulté »
Après une défaite à Montpellier (3-0, 16e journée de Ligue 1) et un décevant match nul face à Ludogorets (2-2, 6e journée de Ligue des Champions), le Paris Saint-Germain est un peu en difficulté et surtout très critiqué. C’est dans ce contexte que Jimmy Algérino, ancien arrière droit de 45 ans du PSG (1996-2001), a accepté de répondre à nos questions sur l’actualité du club parisien. Il explique aussi son départ du club en 2001.
Vous étiez au Parc des Princes pour PSG/Ludogorets: Vous avez pensé quoi du match ?
On ne peut pas dire qu’il y avait vraiment l’envie et l’intensité d’un match de Ligue des Champions, et pour la qualification avec la tête du groupe. La 2e mi-temps était beaucoup plus agréable. Il faut aussi dire que l’équipe adverse a fait une belle partie. Mais surtout Paris n’a pas fait ce qu’il fallait pour remporter ce match.
Il a manqué surtout de l’envie ou de l’efficacité?
Un peu d’efficacité, forcément. En termes de corners, de coups de pieds arrêtés et d’occasions, ce n’était pas mal. Le match était plutôt bon, mais le résultat n’a pas été celui attendu. C’est une période de flottements. Dans ces moments-là, on n’a jamais la chance que l’on aimerait avoir, la réussite qu’il faut. Ce n’est pas un manque de motivation. Les joueurs ont envie de jouer, certains ont des choses à prouver, comme Ben Arfa. La période n’est pas propice au Paris Saint-Germain. Il y a aussi un peu de fragilité défensive. A Montpellier, il semblait que c’était un accident. Là, on se dit que peut-être pas. Mais je ne pense que Marquinhos, Thiago Silva ou les gardiens soient mauvais du jour au lendemain. C’est un ensemble.
« Je ne fais pas partie des gens qui parlent sans savoir »
On a vu beaucoup de commentaires sur un problème d’état d’esprit..
Je ne fais pas partie des gens qui parlent sans savoir. Je ne suis pas dans le groupe. J’ai eu la chance de parler avec des joueurs à la sortie du vestiaire, je les ai trouvés concerné et déçu du résultat. Ils se projetaient déjà sur le match de Nice. Ils avaient conscience de son importance.
J’ai lu qu’il y avait des joueurs déstabilisés par le fait que leurs contrats étaient renégociés, moi je n’y crois pas. C’est en bonne voie, pourquoi un joueur serait déstabilisé parce que le club
discute avec son agent pour négocier? Il y a pas mal d’années, on parlait de crise de novembre au PSG, il y a peut-être un petit décalage (rires). Il y a en tout cas un écart avec les résultats que l’on souhaite. Mais j’ai senti les joueurs concernés, même s’ils ne sont pas forcément à leur niveau.
Certains « spécialistes » et supporters voient Emery comme responsable
C’est le club en lui-même qui est touché. Tout est remis en question, les choix, la tactique, le projet…mais Emery a fait ses preuves, les joueurs aussi. Il a lui-même reconnu qu’il était un peu inquiet, que cela n’avait pas tourné dans le bon sens. Mais je pense que c’est une histoire de dynamique. Cela commence par le club, et après les joueurs et le coach suivent. Je le vois dans ce sens-là.
Il manque des cadres pour réveiller tout le monde?
Peut-être oui, un aboyeur ou quelque chose comme ça. Il manque un ou deux joueurs avec un fort caractère qui pourraient cristalliser les critiques. Après, ce n’est pas forcément un joueur. Cela peut être un président, comme à Montpellier avec Nicollin. Des fois c’est un entraîneur, comme Luis Fernandez. Il manque une personnalité forte.
« Si les gens au club sont compétents, le PSG va passer un cap. »
C’est là que l’on pourrait s’attendre à voir un peu plus Patrick Kluivert (directeur du football du PSG depuis juillet 2016, ndlr)?
Oui, bien sûr, il est là pour ça je présume. Ce pourrait aussi être le rôle du président. Comme je disais, ce pourrait aussi être un joueur, comme le faisait Ibrahimovic. Il vampirisait un peu tout ça. Beaucoup se demandaient comment cela se passerait après son départ, on a un élément de réponse. Quelqu’un doit se manifester pour être le leader. Pour le moment, il est en sommeil ou pas encore au club. Mais le projet et la qualité des joueurs n’est pas à remettre en question, même si les critiques sont justifiées.
Il reste que le PSG est en haut du classement, la 2e place en Ligue des Champions n’est pas si mal, le Real Madrid et le Bayern Munich y sont aussi. Dans ce contexte de reconstruction, cette période va obliger certains à se bouger et se mettre en avant. Si les gens au club sont compétents, le PSG va passer un cap. Il faut savoir le vivre et grandir. Sinon, c’est qu’il manque de la compétence et de la qualité au sein du PSG. La réponse sera donnée dans les mois à venir.
C’est un bon moment pour se tourner vers les anciens?
Tous les clubs le font. Nous sommes présents, certains sont en attente. Je suis persuadé que les anciens du club ont leur rôle à jouer. Il y a des choses à faire au niveau club et après une démarche auprès des anciens.
Cela pourrait vous intéresser?
Moi, je ne veux pas être coach, même au niveau de la formation. Après, si on fait appel à moi ce sera avec plaisir. Là, je suis sur un projet avec la partie Academy du PSG.
Vous avez vécu des choses à Paris, vous pourriez sans doute apporter une expérience
Ah oui, des moments difficiles j’en connais (rires)
Des bons moments aussi!
Oui, bien sûr. Je connais un peu de tout. Si quelqu’un au club fait la démarche, je serais disponible et à l’écoute pour apporter quelque chose si je le peux.
Vous gardez surtout quelque chose de positif de votre passage au PSG malgré une fin compliquée?
Énormément de positif. Encore aujourd’hui, j’en garde que des choses positives. Aujourd’hui, j’ai la chance d’avoir un projet avec l’Academy. Mardi, j’ai été reçu au Parc des Princes et j’ai pu parler avec plusieurs joueurs. Même s’ils ne connaissent pas tout, ils ont été très ouverts et attentifs. Thiago Motta notamment, on a parlé du passé, de ce qui se passait en ce moment. Meunier, même s’il est jeune, a beaucoup parlé du passé. Trapp était intéressé aussi. Quand on a été pro, on sait ce que c’est les moments difficiles et on peut partager. C’est pour cela que je ne critique pas trop.
Vous avez donc senti les joueurs tournés vers l’histoire du club, à l’écoute?
On n’a pas pu parler énormément, mais oui. Je me suis présenté à eux et ils ont tout de suite pris plusieurs minutes pour discuter du passé. Marquinhos aussi. Franchement, c’était très intéressant.
« Chacun est comme il est. Ce n’est pas parce qu’il a le brassard qu’il est forcément un leader »
Il y a des joueurs qui vous impressionnent aujourd’hui au PSG?
Je n’irais pas forcément jusque-là, car même si c’était une autre époque j’ai aussi joué avec des monstres. Mais je dirais quand même un joueur, Thiago Silva. Tout ce qu’il fait c’est propre, tout ce qu’il propose c’est clair. C’est quand même quelque chose de très fort. J’ai beaucoup de respect pour ce joueur.Le seul reproche que je peux lui faire, c’est qu’il pourrait donner la sensation d’être un peu plus heureux, joyeux.
Certains le trouvent trop discret comme capitaine
Chacun est comme il est. Ce n’est pas parce qu’il a le brassard qu’il est forcément un leader. On peut être un leader par les prestations. Et il peut y en avoir un qui est plus un leader d’équipe au niveau de la personnalité. Lui, il a sa façon. Je pense qu’il faut arrêter de lui reprocher de ne pas crier. Peut-être que s’il était différent il serait moins performant. C’est à d’autres de prendre ce rôle peut-être.
Peut-on encore penser que ce PSG est capable d’aller en finale de LDC?
Aujourd’hui, ce serait un peu déclaré de dire que le PSG va aller en finale. Maintenant, ils ont des capacités pour y arriver. Encore une fois, si tout le monde se donne la peine de gérer cette période un peu plus difficile, si tout le monde donne le maximum, ils peuvent aller chercher de très belles choses. Quand tout va bien, ce n’est pas le moment où on construit. C’est plutôt dans la difficulté.
A votre époque, il y avait des joueurs plus impressionnants que d’autres sportivement et humainement?
Rai déjà, il avait tout. Il avait de la personnalité, de la grinta, de la qualité… après il y avait des joueurs comme Vincent Guérin, Alain Roche, Marco Simone, Bernard Lama, Laurent Fournier.. j’en oublie forcément. C’est une somme de personnalités qui fait une grande équipe. Les années passées, il y avait le leadership d’Ibrahimovic qui était une évidence. Il y a toujours eu des très bons joueurs au PSG, avec une certaine personnalité.
Mais comment expliquer la chute du PSG au début des années 2000?
C’est une question de transition. Quand on sort d’une période où tout marche bien et qu’il y a un changement, il y a de quoi déstabiliser un club. C’est ce qui se passe un peu maintenant. Il y a eu des changements. Il faut prendre les choses en main pour que ces changements ne deviennent pas une source de déstabilisation forte.
« Mon choix c’était de tenter une expérience à l’étranger »
Pourquoi êtes-vous parti en 2001?
Je voulais voir autre chose. La transition était un peu difficile. Le club m’a proposé une prolongation, mais j’ai voulu partir. Cela ne s’est pas révélé super judicieux pour ma carrière. J’aurais pu rester, mais j’ai voulu tenter. Quand je me suis posé la question, j’avais des opportunités intéressantes.
Il semble que vous ayez quelques regrets?
Un peu, parce que j’ai quitté un club et une ville que j’adorais. J’y avais pris mes marques, j’avais des amis. Si c’était à refaire, j’y réfléchirais à deux fois. Je voulais tenter. Des fois, c’est plus facile de juger après (rires). C’est un choix qui était un peu difficile parce que rester dans des conditions comme celles qu’il y avait…J’en n’avais pas envie. Mais en même temps, je suis parti dans le championnat où je voulais, mais pas le club que je voulais. C’est pour cela aussi que cela ne s’est pas très bien passé, je n’avais pas les choix que je voulais.
C’est un peu à cause de l’entraîneur (Luis Fernandez, ndlr) que vous n’étiez pas bien au club?
Non, non. Mon choix c’était de tenter une expérience à l’étranger. J’avais eu l’occasion un an avant, mais ma blessure au genou m’en avait empêché. C’était vraiment un choix de ma part. J’aurais aimé que cela se fasse dans des conditions plus sereines et tranquilles. C’est peut-être aussi pour cela que derrière le résultat en Italie n’a pas été bon. C’était quelque chose que j’aurais fait quoiqu’il arrive. Je voulais le tenter, si ce n’était pas en 2001 c’était peut-être l’année suivante.
Enfin, vous pouvez nous dire précisément ce que vous faites en ce moment, votre actualité? Vous avez évoqué l’Academy du PSG?
Je conseille des joueurs, souvent des jeunes avec leurs parents, qui sont contactés par des clubs pros. Je ne suis pas agent, je ne compte pas le faire. Mais je donne des conseils, j’échange. Je peux suivre même suivre un joueur professionnel qui se pose des questions. C’est ce que je fais avec ma société. Cela se passe bien.
Et le projet avec la PSG Academy, c’est parce qu’il y a des gens au Liban qui aimeraient créer une Academy. Leur choix se porte plutôt sur le PSG. Pour le moment, ce n’est qu’un dossier. Mais si c’est accepté par le club, cela peut se réaliser.