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Ibrahimovic : « Nous avons beaucoup de grands champions »

Dans un long entretien accordé à L’Equipe, Zlatan Ibrahimovic a balayé tous les sujets, de son avenir à ses relations avec Laurent Blanc en passant par son comportement sur le terrain. Extraits.

Son avenir au PSG et à Paris

« On a discuté pendant deux mois avec le club avant d’aboutir à cette prolongation, la semaine dernière. Je suis très content qu’on ait trouvé un accord. C’est un grand honneur pour moi et le signe que le club croit très fort en moi. Peut-être qu’au final, le PSG sera mon dernier club, du moins celui où j’aurai passé le plus d’années. Si ma condition physique me le permet encore au terme de mon contrat, je pourrais être tenté par une aventure ailleurs qu’en Europe. On verra. J’ai dit ça pour d’autres clubs ? Et ce ne fut pas le cas… On ne sait jamais, peut-être qu’un jour le PSG ne croira plus en moi et cherchera à changer quelque chose. Ma conviction est que je resterai jusqu’à la fin de ce contrat. Mais le patron, c’est le club. Et chaque saison, il peut avoir de nouveaux plans. Ici, le projet continuera, quels que soient les joueurs. Mais je ne suis pas très inquiet. Tant que je me sentirai capable de jouer comme je le fais aujourd’hui, ça se passera bien. Je me sens très bien à Paris. Tout me semble beaucoup plus facile aujourd’hui. Après un an passé ici, j’ai le sentiment de tout mieux connaître?: mes coéquipiers, le club, la ville, les supporters. C’est plus simple sur le terrain et en dehors. Ce n’était pas le cas la saison dernière, surtout sur le terrain. En arrivant de l’AC Milan et de la Serie A, avec tout le respect que je peux avoir pour le Championnat de France, ce n’était pas tout à fait pareil. En plus, je venais dans un projet tout neuf, personne ne savait ce qu’il pourrait se passer. Quand vous signez à Milan, vous arrivez dans un club déjà construit, déjà fini. Ici, il grandit. Quand j’ai signé, je ne savais pas à quoi m’attendre. Je ne connaissais pas bien la L?1, l’âme des stades, les équipes… C’était un énorme bouleversement de mon environnement. »

Son comportement parfois agressif sur le terrain

« Il peut m’arriver de jouer de façon agressive, c’est normal. Au fait, vous savez combien de coups un attaquant se prend à chaque match ? Vous savez combien de coups ce type m’a donné pendant la rencontre?? Mais bon, je n’en ai pas parlé devant les médias. Parce que ce qui se passe sur le terrain doit rester sur le terrain. Moi, après le match, je ne vais pas débarquer devant les micros pour balancer : “Ah, ce défenseur de Toulouse…” (Il interrompt sa phrase.) Comment s’appelle-t-il déjà ? Abdennour ? Je n’ai pas dit d’Abdennour : “Eh, il est trop agressif !” Non, il a joué de façon agressive, il a fait son match, rien à dire. Il a fait tout ce qu’il pouvait pour me bloquer et j’ai fait tout ce que je pouvais pour marquer ou en donner l’opportunité à mes partenaires. Mon geste en sortant du terrain ? O.K., vous l’interprétez comme ça, mais ça peut vouloir dire beaucoup de choses. Je peux vous pointer du doigt de la même manière. C’était sur le terrain, cela ne vous regarde pas. Je pense qu’IL a compris. Zebina ? Peut-être. »

Ses ambitions avec le PSG

« Nous sommes engagés dans quatre compétitions. Nous avons déjà gagné le Trophée des champions (2-1 contre Bordeaux, ­le 3 août). Se focaliser sur un seul objectif ne serait pas bon par rapport aux autres compétitions. ­Or, tout est très important. Il faut avoir pour cible tous les trophées. Contre Benfica, on n’a jamais perdu l’équilibre ni notre état d’esprit. Je n’ai pas été surpris. Avec un groupe tel que le nôtre, si chacun fait son job, tout se passe bien. L’entraîneur n’a plus qu’à associer les ingrédients pour que ça roule tout seul. Sortir un match tel que celui de mercredi, je pensais vraiment que c’était possible. Parce que je crois en Paris. Nous avons beaucoup de grands champions avec un mental de vainqueur et une grosse expérience. Et ceux qui ont moins de vécu compensent par d’autres qualités. Cela crée un bon équilibre et, plus nous jouerons ensemble, meilleurs nous serons. Cela fait maintenant un an qu’on évolue ensemble. Je connais beaucoup mieux mes coéquipiers, et réciproquement. Je crois d’ailleurs qu’ils n’ont plus peur de moi.  »

Ses relations avec Laurent Blanc

« Nous avons un bon dialogue, le coach et moi. Le calendrier l’oblige à une rotation pour qu’on garde de l’énergie pour le match suivant. C’est normal. Vous ne pouvez pas jouer quatre-vingt-dix minutes à fond tous les trois jours. La saison dernière, c’était différent. Tout était nouveau. Et nous n’avions pas autant d’alternatives. En tant que professionnel, je respecte toutes les décisions d’un entraîneur. Être remplacé fait partie du jeu. L’accepter, c’est respecter celui qui débute sur le banc. Digérer le départ de Carlo Ancelotti ? Quand vous avez une relation de confiance avec un coach, c’est toujours contrariant de le voir partir. Avec lui, on venait de gagner le titre, tout se passait bien. Mais je respecte le club. Et la vie continue. Ancelotti est parti à Madrid, Laurent Blanc est arrivé. Cet été, j’ai lu dans la presse suédoise que je m’étais disputé avec lui, que je ne lui parlais pas, qu’il y avait eu un problème autour d’un dîner… Ce ne sont que des conneries, comme souvent ! Il n’y a pas de problème, et j’espère qu’il n’y en aura jamais. Nous avons une relation normale. On se parle de ce qui nous semble important, tout en apprenant à se comprendre, comme il le fait avec tous les joueurs. »

Son positionnement et son duo avec Cavani

« Mon rôle ? Je suis positionné en pointe mais il me laisse de la liberté pour me déplacer. Il me laisse reculer, prendre le ballon, repartir vers l’avant. Plus ou moins, c’était déjà la façon dont je jouais avec Ancelotti, Mourinho (à l’Inter) ou encore en équipe nationale. La seule différence avec la saison dernière, c’est qu’on joue désormais avec trois attaquants et trois milieux. Quel que soit le système, je cherche toujours la meilleure façon d’être dangereux pour l’adversaire et d’aider mon équipe. S’il est facile de jouer avec moi ? C’est très facile. La saison dernière, j’ai donné près de quinze passes décisives (dont 8 en L 1), ce qui signifie que j’aide beaucoup mes coéquipiers à marquer. C’est ce qu’il va se passer avec Cavani. Sur ses quatre buts (en L 1), deux viennent de passes que je lui ai adressées. Ça ne fait que deux mois qu’il est là. Bien sûr, on peut faire mieux. Notre entente progressera au fil des matches, lentement mais sûrement. Le rôle de Cavani ? Mais il ne joue pas vraiment à droite. La plupart du temps, il évolue dans l’axe et c’est là qu’il cherche à faire la différence. Le plus important, c’est que nous gagnions nos matches. Que je marque ou qu’“Edi” marque, c’est le moins important. Oui, vraiment, peu importe qui ”score”. On voit bien que, parfois, c’est même Marquinhos qui marque. Le 4-3-3 ? L’équipe a désormais un an de vécu commun sur lequel s’appuyer. La saison dernière, Ancelotti a dû bâtir un collectif avec beaucoup de nouveaux joueurs. Ce n’était pas facile de trouver rapidement une équipe type. On se connaît tous mieux désormais et c’est ce qui nous a aidés à sortir un match de très haut niveau contre Benfica. Et puis, il y a des individualités en train de passer un cap. Prenez (Marco) Verratti : la saison dernière, c’était un talent en devenir ; désormais, c’est un joueur complet. Le 4-3-3, jusqu’à présent, ça se passe bien. Mais, la saison dernière, on a été champions dans un autre système, alors… En fait, il ne faut pas s’enflammer. Nous ne sommes encore qu’au début de la saison. »

Le rival Monaco et le Clasico

« La saison est longue, les tendances peuvent changer mais, aujourd’hui, Monaco est clairement un gros concurrent pour le titre, comme Marseille, que nous affrontons ce week-end. Lyon semble avoir déjà perdu quelques points et Lille est peut-être moins régulier qu’avant, d’après ce que j’ai compris. L’an dernier, je me souviens que tout le monde disait que le titre serait plié pour Paris dès le mois de février. On a vu qu’il en était allé autrement. La L?1 est une compétition difficile. Vous affrontez des équipes qui font tout pour vous rendre le match compliqué. On pense toujours, avant les matches, que ce sera facile pour Paris sous prétexte qu’on joue contre une petite équipe. Or, aucun match n’est simple à gagner. Retourner au Vélodrome, le stade où on est le plus haï ? C’est sympa, c’est ce qui fait le charme du football. Pour être honnête, je ne suis en France que depuis un an et je ne ressens pas comme vous cette rivalité. Maintenant, je garde un souvenir fantastique du match de l’an dernier, de ce 2-2 (le 7 octobre 2012), de mon doublé. J’avais remarqué que l’atmosphère était différente des autres stades où nous allions. Mais pour ressentir des émotions très intenses, il faut jouer ici plusieurs années et s’imprégner de la rivalité entre Paris et Marseille.  Lors de mon premier derby avec Milan contre l’Inter, un jour où l’Inter recevait (le 14?novembre 2010). Là, j’ai senti le poids du public. À chaque fois qu’un ballon m’était adressé, il n’était pas encore arrivé dans mes pieds que les sifflets s’abattaient sur moi. (Petit sourire.) Le résultat final a été Inter, 0,Milan, 1. But d’Ibrahimovic (sur penalty)… Quand un stade me conspue, ça me donne de l’adrénaline. Et ça renforce ma détermination. »

Le but ou la passe ?

« Je vais vous raconter une chose. Quand j’étais à l’Ajax, ils essayaient toujours d’apprendre aux joueurs offensifs un rôle assez conforme à leur numéro, le 7, le 9, le 10 ou le 11. Quand j’ai joué en position de numéro 9, je me suis aperçu que je créais souvent des situations qui permettaient au numéro 10 de marquer. Résultat : le 10 marquait beaucoup plus de buts que le 9. Alors, je leur ai dit : «?Je veux jouer avec le 10 sur le dos.?» Mais ça ne plaisait pas trop aux entraîneurs de l’Ajax. Eux, ils voulaient que je sois un avant-centre pivot. Mais je n’aime pas ce rôle, qui consiste seulement à recevoir le ballon et à le donner en retrait. Moi, j’aime recevoir le ballon, me retourner et le donner vers l’avant. Ensuite, je suis parti en Italie, à la Juventus Turin, où(Fabio) Capello m’a demandé de rester en pointe pour marquer un maximum de buts. Moi, j’aimais toujours avoir une liberté de mouvement, sans forcément rester à l’affût d’un ballon dans la surface. J’ai toujours expliqué que donner une passe décisive équivalait à inscrire un but. Parfois, la passe est même plus belle que le but. Mon goût pour les beaux gestes ? (Il sourit.) Il vaut peut-être mieux aimer le beau football que pas assez. La vérité, c’est que j’aime profondément le football. Mais je le vis désormais avec mon expérience. Quand j’avais dix-sept ans, en Suède, je jouais beaucoup pour le show, les petits ponts, les talonnades, les trucs comme ça. Par la suite, mon jeu a mûri, en allant dans les plus grands clubs du monde apprendre auprès des plus grands joueurs. Je les ai observés, j’ai pris un peu de chacun d’entre eux et cela a façonné le joueur que je suis aujourd’hui. La priorité reste le résultat. Mais y ajouter une dimension esthétique, c’est la perfection. »

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