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Leonardo évoque les blessures, Thiago Silva, Thiago Motta et les prochains mercatos
Leonardo, directeur sportif du Paris Saint-Germain depuis juin 2019 (après un passage en tant que milieu de 1996 à 1997 et un autre à ce poste de 2011 à 2013), était au micro de PSG TV ce mardi matin afin de répondre aux questions des supporters parisiens. Cela a été long, alors nous avons décidé de publier en deux partie pour le confort de lecture. Après une première partie dans laquelle le dirigeant brésilien a notamment évoqué les sujets « chauds » avec les prolongations de contrat, les critiques autour du coach Thomas Tuchel et le mercato, voici la partie 2 (et dernière) avec les sélections, le calendrier, Thiago Silva, Edinson Cavani, son rôle, les prochains mercatos, Thiago Motta et le projet.
Leonardo « On ne peut pas dire que le staff est nul ! Comment on fait ? »
Les sélections des joueurs blessés ?
Il y a eu un contact, mais quand une convocation est officielle le club ne peut rien dire. Il n’a pas le droit. Il y a des règlements à respecter, même s’il est blessé. Après, on cherche toujours à avoir quelque chose de logique, à travers le bon sens. Avec le Brésil et le France, c’est clair, il y a un timing à respecter, on le connaît, on l’a transféré aux sélections. Les joueurs suivent des programmes comme s’ils étaient là. Et on verra dans les matchs à jouer ce qu’il faudra faire, ensemble le club et les fédérations. Elles nous ont dit que la santé des joueurs ne sera pas risquée. Ils vont faire attention, c’est notre accord.
De l’autre côté, honnêtement, je pense que le calendrier est infernal. Il y a les sélections, 3 semaines de suite en Ligue des Champions, ce qui n’était jamais arrivé. Et cela va sans faire encore, alors que l’on vient de faire 4 mois sans joueur et il y a la Ligue des Champions à finir. On ne peut pas dire que le staff est nul ! Comment on fait ? C’est un fait, c’est évident. On cherche à faire avec, d’avancer, à nous améliorer. Mais c’est incroyable.
Leonardo « C’était un moment aussi où on ne pouvait pas donner exactement ce qui était demandé. »
Ce qui s’est passé avec Thiago Silva et Cavani?
C’est difficile les joueurs comme eux. Il y a une histoire tellement forte, une grande union. Mais il peut être le moment de couper et la discussion est compliquée. Il y a des doutes, des positions. Ils savent ce qui s’est passé, on a parlé clairement. Thiago Silva je l’ai recruté à Milan en 2009, j’ai été son coach et il est devenu un grand joueur, après je l’ai fait venir au PSG comme le meilleur défenseur au monde. Son histoire, je l’ai suivi de très près. C’était un moment aussi où on ne pouvait pas donner exactement ce qui était demandé. Il y avait le côté financier, la génération, avec Marquinhos et Kimpembe.
Cavani, il doit se sentir exactement comme avant pour être bien. C’est difficile. Ce sont des décisions compliquées, on peut se tromper. C’est peut-être le cas, je ne sais pas. Mais il faut choisir et avancer.
Leonardo « Le rêve, c’est de créer quelque chose sur l’émotion que l’on veut transmettre. »
Mon rôle de directeur sportif ?
La Real Madrid et Manchester United, ils n’ont pas de directeur sportif. On ne peut pas tout faire. C’est le côté très latin de vouloir dire c’est la faute de lui. Ce n’est pas un rôle simple, mais c’est bien. Je dois faire des choix, je fais partie d’une structure. Dans mon rôle, il n’y a pas que le mercato. J’ai un rôle dans une vision, j’ai un lien très proche avec le président Nasser Al-Khelaïfi. Beaucoup de clubs n’ont pas de directeur sportif. C’est différent. Je ne donne pas trop d’importance au rôle, je pense à ce que l’on doit faire. Je pense que le plus important est d’avoir une institution qui transmet du positif. Et cela passe parce que l’on dit, pas seulement moi mais les joueurs aussi. Cela fait le tour du monde.
Il y a ce qui se passe sur le terrain et l’organisation. Il faut créer une harmonie. Le plus important c’est ce que les joueurs font sur le terrain pour l’émotion. Le club vit pour cela. Si on est seulement dans la discussion, on tue ça. Je veux créer une organisation qui transmet l’émotion. Le football, c’est ça. Le rêve, c’est de créer quelque chose sur l’émotion que l’on veut transmettre. Des clubs réussissent par cycles. Il y a eu l’Ajax, Milan, le Barça. C’est là que l’on marque les gens, ce n’est pas que la victoire. Mais ce n’est pas facile.
Pourquoi Icardi pour 50 millions alors qu’il n’entre pas dans l’équipe ?
C’est un joueur qui marque au moins 25 buts par saison depuis qu’il joue, on a eu l’opportunité. Tout le monde était d’accord pour le prêt, puis on a pu réduire l’accord initial. Je pense que c’était bien fait. Après, qu’un joueur soit blessé ou pas bien dans un moment, cela ne veut pas dire qu’il ne sera pas important pour le club. Il l’a déjà été pour le club. Il a peu joué dans le Final 8, mais il a été décisif avant.
Leonardo « je pense que le PSG a la capacité et les moyens de bien surpasser la crise. »
Quel est le projet pour les prochains mercatos ?
On doit faire le bilan de ce que l’on est aujourd’hui. Il y a les pertes à calculer. Je ne veux pas entrer dans le secteur financier…Mais il faut calculer ça. Et puis il faut voir ce qu’est la priorité. On veut d’abord garder les joueurs que l’on a, puis voir ce que l’on peut investir. Avec toute une saison à huis clos, on n’a pas la billetterie, etc. On a perdu entre 15 et 20% de nos revenus l’année passée. Et je pense que ce sera plus cette année. Alors on doit investir moins. Mais, honnêtement, je pense que le PSG a la capacité et les moyens de bien surpasser la crise.
D’autres clubs auront peut-être plus de difficultés. On peut créer de nouveaux accords pour le faire. Une chose est sûre, l’ambition de ce club est tellement évidente, même certains ont dit que c’était trop, il y a les choses qui ont été faites, les joueurs de ces dernières c’est incroyable. On dit que c’est facile de dominer en France, mais ce n’est pas le cas. Après, il y a des différences parce qu’on a des moyens, mais c’est toujours compliqué.
Recruter Cristiano Ronaldo ?
Toutes les choses qui sortent autour de tels noms, c’est parce que…Combien de clubs peuvent le recruter ? C’est un cercle très fermé et on est dedans, alors tout le monde en parle du PSG. Après, comme toujours, le mercato ce sont des opportunités. Même si le prépare, bien sûr. On a nos priorités, nos listes, nos contacts. Après, il y a des choses extras. Aujourd’hui, il n’y a pas de folie.
Leonardo « le mercato que l’on vit de dehors est rigolo. »
Les supporters critiquent mon travail ?
C’est normal. Je cherche moi à avoir mes certitudes. Les décisions, ce sont des situations, tu peux te tromper. Je n’ai pas peur de l’erreur. Si tu as peur, tu n’avances pas. Alors, le mercato que l’on vit de dehors est rigolo. Il faut acheter machin, faire ça. Mais dans la réalité ce n’est pas comme ça.
Il faut un accord, par moments le joueur n’entre pas dans l’idée du PSG, il n’a pas la bonne pensée, même s’il est très bon sur le terrain. Je pense que le PSG cherche aussi à se positionner sur une identité. L’ADN, c’est important. Dans le jeu, mais aussi quel club on est. Ce que l’on veut. On a vécu le grand boom, après il faut se stabiliser. Je pense que l’on cherche encore.
Leonardo « c’est normal que Thiago Motta pense au club. »
Un retour de Thiago Motta ?
Il l’a déjà dit il y a 2 ans, c’est normal qu’il pense au club. Il y a joué, il a été entraîneur des U19. C’est normal qu’il pense des choses. Et le rôle d’entraîneur est très envié. C’est normal. Mais honnêtement, il n’y a rien aujourd’hui. Pour le contrat de l’entraîneur, ce n’est pas le moment, avec la situation, on va voir. C’est le moment d’être ensemble et d’éviter les problèmes. On doit ce concentrer sur les 40 jours qui arrivent qui vont être très importants.
Je note aussi que l’on joue vendredi à Monaco après la trêve. Mais pourquoi ? On est le vendredi. Il y a la règle qui fait que l’on ne doit pas jouer trop proche de la Ligue des Champions. Mais les calendriers ne se croisent pas ? Comment les joueurs peuvent jouer mercredi en sélection et nous le vendredi ? Et nous au milieu on paie…
Pourquoi pas de réunion avec le Collectif Ultras Paris ?
Pour moi, mon rôle est vraiment lié au sportif. Après, je fais des choses que je ne devrais pas faire je pense. J’ai été joueur, dans ma tête je suis là pour l’équipe, pour gagner des matchs. Les choses administratives, ce n’est pas moi. J’ai étudié dans la vie les contrats des joueurs, entraîneurs, j’ai appris dans la vie. Avec le président Gallieni à Milan, j’ai appris les choses du football avec lui. Mais si je fais tout, c’est fini. Pour moi, c’est le terrain, de construire. C’est ça le directeur sportif. Après, je peux me mettre à la disposition de tout (rires).
Leonardo « On peut faire mieux. »
Miser plus sur les jeunes face aux difficultés financières ?
Il y a déjà quelque chose qui est fait, puisque les supporters connaissent les jeunes. Il y a des joueurs qui sont déjà dans le groupe au quotidien. Il y a aussi ceux en U19. Le club a la capacité de produire de bons joueurs. Après, l’étape suivante c’est comme les utiliser. Il faut le passage, avec une adaptation, donner des minutes. On peut faire mieux. Mais certains ont beaucoup joué. Il y a eu le match amical avec 9 joueurs du centre de formation. On donne des opportunités.
Malheureusement, il n’y a pas la Youth League cette saison, alors que cela donne l’opportunité de jouer une belle compétition. C’est un objectif du club de compacter les deux choses et de faire le passage. On a Kimpembe, Dagba, il y a eu Rabiot, Areola, N’Soki, Diaby…La formation est très bonne. On a été élu meilleur centre de formation en France 2 ans de suite.
Ce que je compte améliorer du côté des Féminines pour gagner le championnat ?
Il faut de l’investissement. Lyon a beaucoup investi, a gagné plusieurs fois de suite la Ligue des Champions. Et on a été presque toujours 2e parce que c’est la meilleure équipe du monde. C’est la réalité. Il faut voir comment on peut avancer. Si on est champion de France, on est presque champion d’Europe. Si je vois la dernière finale européenne, et celles de Lyon contre nous, nous on a toujours été serré. Alors que contre Wolfsbourg il y a eu un grand écart. On va avoir besoin d’un peu de temps, mais on est là.
Leonardo « je pense que l’on a tout. »
Comment je vois les 3 prochaines années au PSG ?
Je suis peut-être optimiste, mais je les vois très bien. Il faut avoir une grande équipe, une grande ville, il n’y a pas plus grand que Paris, il faut un stade qui peut être la maison, on a tout ! Après, on peut se tromper. Mais je pense que l’on a tout. Nasser Al-Khelaïfi est là, il veut faire. Il y a quelque chose de très fort entre Paris et le club, et Nasser. Après, on a beaucoup de bonnes choses dans l’organisation. On vient de faire une finale de Ligue des Champions, on a gagné tous les titres nationaux. Il faut se maintenir ici. Et après, gagner la Ligue des Champions à Paris ce serait unique. C’est quelque chose qui a été construit depuis 50 ans. Il y a des hauts et des bas.
Les autres clubs qui ont gagné déjà, ont été construit bien avant. Il y a une culture. Paris n’avait jamais été la ville du football, c’était plutôt Marseille. Il y a encore des choses à faire. Quand j’ai joué en France, il n’y avait qu’une émission sur le football. Après 98, il y a eu un boom. Il y a tout un développement. Paris doit aussi penser au fait qu’une ville comme ça te donne une responsabilité pour l’excellence, l’exigence. Mais tout est là.
Je ne peux pas penser à partir, j’ai un lien fort avec ce club. J’avais eu la suspension et j’avais encore ce sentiment de quelque chose à faire. Après, si je suis viré je vais partir. Mais dans moi, le sentiment est de réaliser quelque chose de très important. Mon sentiment est très fort. Ce n’est pas pour être aimé que je dis ça. Je vois aussi ce sentiment chez Nasser. C’est important ce sentiment, sinon on ne peut pas maintenir tout ça. Je ne pense pas trop à ma position, à la garder. Et par moments, je suis frustré parce que je veux mettre beaucoup ce côté émotion et il y a des interprétations.
Verratti10
10 novembre 2020 at 17:08
interwiew originale (l’echo disparait vers les 10mn)
+ clair que la retranscription PF